Le journaliste-écrivain Philippe Gaillard est mort
Philippe Gaillard s’est éteint à 86 ans ce 8 février au matin à Saint-Cloud, près de Paris. Cet ancien directeur de la rédaction de « Jeune Afrique », qui a accompagné les indépendances des colonies françaises d’Afrique, luttait depuis plusieurs années contre la maladie.
Journaliste, écrivain, historien, Philippe Gaillard était un peu tout cela à la fois. Natif du Mans (Sarthe), formé à l’École supérieure de journalisme de Lille, appelé de la guerre d’Algérie, il est devenu correspondant avant d’entamer ensuite une carrière de fonctionnaire et de journaliste qui va accompagner les indépendances des colonies françaises d’Afrique.
En 1966, le ministère de la Coopération l’envoie au Cameroun où il atterrit au cabinet de Victor Kanga, alors ministre de l’Information et du Tourisme. Le président Ahmadou Ahidjo veut créer un journal, le dossier est confié à Gaillard. Deux ans plus tard il quitte Yaoundé pour poser ses valises à Dakar sans attendre l’aboutissement du projet de journal, dont il apprendra qu’il a donné naissance en 1974 au Cameroon Tribune, le quotidien gouvernemental.
>>> Par Philippe Gaillard – Cameroun : Ahmadou Ahidjo ou l’État incarné
Un amoureux de l’Afrique
À Dakar, le voilà directeur du quotidien Le Soleil, créé quelques années plus tôt. Puis le président Léopold Sédar Senghor, qui apprécie ce professionnel rigoureux, en fait son conseiller presse. De retour à Paris en 1975, il intègre Jeune Afrique au sein duquel Béchir Ben Yahmed lui confie la rédaction en chef. C’est lui qui recrute une génération de jeunes journalistes, dont François Soudan.
Au début des années 1980, il quitte l’hebdomadaire panafricain pour lancer un quotidien interafricain, Le Continent, avec l’Ivoirien Justin Vieyra. Mais l’expérience ne dure pas longtemps. Alors patron de RFI, Hervé Bourges le fait venir pour lancer, notamment, l’agence MFI.
C’est sûrement l’un des meilleurs professionnels français de l’époque contemporaine
Joint par Jeune Afrique, Bourges regrette la disparition de ce « frère » qu’il connaît depuis l’enfance et salue la mémoire du « grand journaliste qu’il fut maniant avec dextérité la langue française. C’est sûrement l’un des meilleurs professionnels français de l’époque contemporaine. Mais encore fallait-il s’en apercevoir et essayer de découvrir cette vertu qu’il cachait derrière sa retenue et son espèce de mépris du paraître. À cet homme modeste, la vie n’a pas toujours donné ce qu’il méritait », conclut Bourges qui est, comme le fut Gaillard, un amoureux de l’Afrique.
Le rédacteur des mémoires de Jacques Foccart
En 1985, il revient à Jeune Afrique mais à partir des années 1990 renonce à la couverture de l’actualité africaine pour consacrer sa plume à des sujets en lien avec l’Histoire. Ainsi, beaucoup d’Africains retiennent de lui qu’il a été le rédacteur des mémoires de Jacques Foccart. Les deux tomes de Foccart (coédités par Fayard et Jeune Afrique) sont recueillis dans le plus grand secret comme l’avait exigé l’homme de l’ombre du Gaullisme. « Il me revenait donc de faire parler un muet », commentera Gaillard dans la quatrième de couverture. Par la suite, Gaillard sera également associé à la rédaction des 5 tomes du Journal de l’Élysée.
De lui, on retiendra aussi le livre Ahmadou Ahidjo, Patriote, despote, bâtisseur de l’État camerounais (JA Livres) qui demeure la biographie la plus accomplie du premier président du Cameroun indépendant. De lui, Hervé Bourges retient que ce fut « un taiseux qui n’en pensait pas moins, un solitaire qui embrassait le monde entier et l’interprétait en professionnel avisé ».
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