Mea-culpa, jusqu’où ?

Publié le 25 août 2003 Lecture : 2 minutes.

Avant, la Libye était un pays sans importance. Mouammar Kadhafi a toujours été obsédé par le besoin de prouver qu’il fallait compter avec la Libye, et avec lui. Né en 1942 dans une tribu bédouine anonyme, il avait l’impression, en fait, d’être au service des autres. Mais il fréquente l’université et l’académie militaire libyenne. À l’instar du général Gamal Abdel Nasser, président égyptien et champion du nationalisme arabe, il est colonel lorsqu’il organise, en 1969, un coup d’État contre le pro-occidental roi Idriss. Et s’installe aux commandes de la nouvelle République populaire socialiste arabe libyenne.
Ayant échoué à unir la Libye à d’autres États arabes, il investit sa passion révolutionnaire dans divers groupes terroristes en Europe et au Moyen-Orient. En Libye, le Guide de la Grande Révolution Al-Fateh, comme il se fait appeler, impose aux 5 millions d’habitants son très personnel mélange d’égalitarisme et de nationalisme révolutionnaire arabe. Sa « Troisième théorie universelle », en vertu de laquelle la démocratie est remplacée par les comités du peuple, lui permet d’avoir la haute main sur le pays tout en rejetant sur les autres la responsabilité des échecs.
Le Guide nationalise l’industrie du pétrole et interdit l’entreprise privée. Il bâtit des ponts, des routes et des écoles, mais gaspille son argent dans des campagnes ambitieuses à l’étranger et des programmes farfelus en Libye. Le plus spectaculaire est le « Grand Fleuve artificiel », un projet démesurément coûteux qui se proposait d’amener jusqu’à la côte l’eau accumulée dans les profondeurs du désert.

Au début des années 1990, Kadhafi ne compte toujours pas beaucoup. Ses élans révolutionnaires se tempèrent. Mettant de côté son anti-impérialisme forcené et sa haine des États-Unis, il s’applique à faire oublier son passé honteux. Des relations de plus de trente ans le jugent désormais plus prudent et plus réaliste, plus conscient des limites de la Libye.
Ceux qui ont participé aux négociations de Lockerbie indiquent, cependant, qu’il n’a pas été facile de le convaincre. Il a fallu que les États-Unis et la Grande-Bretagne s’engagent à ne pas profiter du fait que la responsabilité de l’État libyen avait été reconnue dans l’attentat de Lockerbie pour le poursuivre devant les tribunaux. Il a fallu aussi l’insistance de ses conseillers les plus proches, au premier rang desquels Seif el-Islam, son fils et héritier présomptif, qui se présente comme un défenseur des droits de l’homme.
Le prochain objectif du Guide sera d’obtenir que les sanctions bilatérales imposées par les États-Unis soient levées et que la Libye soit rayée de la liste des États qui financent le terrorisme. Washington, cependant, n’est pas convaincu que le colonel mérite cette double faveur. On voudrait d’abord, là-bas, que la Libye apporte la preuve qu’elle a écarté toute ambition de développer les armes de destruction massive et confirme définitivement qu’elle a renoncé au terrorisme. n Roula Khalaf

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