Mbeki s’incline devant le VIH

Le président semble avoir révisé sa position sur la maladie.

Publié le 25 août 2003 Lecture : 2 minutes.

Le président sud-africain Thabo Mbeki a donc signé personnellement avec le Fonds mondial des Nations unies pour la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme un accord aux termes duquel Pretoria accepte de recevoir du Fonds, sur deux ans, 41 millions de dollars (36 millions d’euros) qui seront consacrés au traitement et à la prévention de la tuberculose et du sida. Richard Feachem, le directeur général du Fonds, a déclaré que cette signature représentait « un signal d’espoir pour ceux qui vivent avec le VIH-sida et pour tous les Africains qui se battent contre cette pandémie fatale ».
Il était grand temps. L’Afrique du Sud en est à un stade où, chaque jour, le nombre de séropositifs qui meurent est plus élevé que celui des nouveaux contaminés : environ un millier. L’épidémie est la première cause de décès dans le pays. L’espérance de vie est tombée de 62 ans en 1994 à 51 ans aujourd’hui. Plus de 10 % des 45 millions d’habitants sont actuellement porteurs du VIH.
Il y a des années que Mbeki et sa ministre de la Santé, Manto Tshabalala-Msimang, s’obstinent à nier l’évidence et refusent de s’engager dans une véritable lutte contre la maladie. Au grand dam, entre autres, de Nelson Mandela. Ils ont adopté les thèses révisionnistes des professeurs américains Peter Duesberg et David Rasnick qui récusent la responsabilité du virus et font de l’extrême pauvreté « la plus criminelle et la plus grande cause de maladies et de souffrances sur le globe ». Mbeki s’est abstenu de se montrer à la conférence consacrée à l’épidémie qui avait lieu au début d’août à Durban et Tshabalala-Msimang n’a assisté qu’aux séances d’ouverture et de fermeture.
La pression politique, pourtant, ne manquait pas. Zachie Achmat, président de l’association Treatment Action Campaign (TAC), a déclaré à Durban que le Congrès national africain (ANC), dont il est lui-même membre, perdrait des voix si un plan de lutte efficace n’était pas mis en place avant les élections de 2004. Séropositif lui-même, il a renoncé à boycotter les antirétroviraux, craignant de perdre la vie avant que le gouvernement ne révise sa position. Mais la TAC a relancé une campagne de désobéissance civile.
L’Alliance démocratique, l’un des principaux partis d’opposition, a reproché pour sa part au gouvernement d’avoir modifié une loi précédemment adoptée qui accordait un traitement automatique aux victimes de viol : elles sont désormais privées de ce droit. Le Conseil de contrôle médical, organisme indépendant, estime dans le même temps que la Nevirapine, un médicament qui permet de lutter contre la transmission mère-enfant, n’a pas été enregistrée dans les formes. Une décision du Conseil constitutionnel risque ainsi d’être remise en question. Le laboratoire allemand Boehringer Ingelheim a jusqu’en octobre pour prouver que la Nevirapine est efficace et sans danger.

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