La semaine de l’intelligent

Brésil
Place au social
Après sept mois d’action marqués par l’austérité budgétaire et l’orthodoxie financière, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a annoncé, le 17 août, l’accélération des mesures sociales. Confronté, depuis plusieurs semaines, au mécontentement d’une partie de son électorat et à une contestation au sein de sa formation politique (Parti des travailleurs), le chef de l’État a néanmoins défendu la politique mise en oeuvre par son ministre des Finances, Antonio Palocci, au centre des critiques : « Au début, notre obsession était de juguler l’inflation […], d’assurer la sécurité de tous les investisseurs. » Lula a promis d’intensifier son programme phare intitulé « faim zéro », alors que le pays est toujours confronté à un recul de la production industrielle, à un chômage en hausse et à d’importants mouvements sociaux.

Grande-Bretagne
Séropositifs « non grata » ?
Les séropositifs bientôt indésirables en Grande-Bretagne ? Le parti conservateur, aujourd’hui dans l’opposition, a déclaré envisager, au cas où il reviendrait au pouvoir, l’adoption d’une loi autorisant la mise en place de tests pour savoir si les candidats à l’immigration sont porteurs du VIH. Toute personne séropositive se verrait interdire l’accès au pays. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le gouvernement britannique, qui repense actuellement sa politique de contrôle aux frontières, n’a rien déclaré à ce sujet.

Exposition
Alger la Belle
« Alger, paysage urbain et architecture. » Tel est le thème de la passionnante exposition qu’abrite, depuis le 25 juin (et jusqu’au 14 septembre), le palais de la Porte-Dorée – l’ancien musée des Arts africains et océaniens – de Paris. Plans, photos, affiches, maquettes, etc., retracent le développement de la capitale algérienne, de la conquête française, en 1830, à la fin du XXe siècle. On suit ainsi l’irrésistible poussée de la ville vers l’Est, à partir de son noyau historique, la Casbah, forteresse édifiée par les Turcs. Si les problèmes actuels liés à la surpopulation ne sont pas occultés, on découvre aussi les projets, parfois les fantasmes, qu’a inspirés la Ville blanche aux plus grands architectes, de Viollet-le-Duc à Oscar Niemeyer en passant par Auguste Perret et Fernand Pouillon.

Irak
ali dans les filets
Le commandement central militaire américain a confirmé, le 21 août, l’arrestation d’Ali Hassan el-Majid. Ce cousin de Saddam Hussein était surnommé « Ali le Chimique » : celui-ci avait ordonné des attaques au gaz contre des Kurdes irakiens en 1988. Les forces américaines avaient annoncé, le 7 avril, la découverte du corps de Madjid. Mais il avait survécu au bombardement de sa maison et, depuis, restait introuvable.

Santé
Un vaccin contre l’Ebola
Des chercheurs américains ont mis au point un vaccin ne nécessitant qu’une seule injection qui a permis de protéger totalement des singes infectés par le virus Ebola. Ce vaccin fabriqué à partir d’un virus affaibli porteur de gènes de l’Ebola ouvre « des voies extrêmement fécondes », estime Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des maladies allergiques et infectieuses (NIAID), à Bethesda, dans le Maryland. Le modèle utilisé ici avec succès pourrait en effet servir pour d’autres vaccins, notamment contre le syndrome respiratoire aigu sévère (sras).
La maladie d’Ebola est une fièvre hémorragique presque toujours fatale, pour les hommes comme pour les singes. Le virus est transmis par le simple contact avec l’un des fluides du corps humain ou avec un chimpanzé infecté. Il séjourne dans les forêts tropicales d’Afrique et d’Asie, mais on n’a pas réussi à découvrir dans quel réservoir animal. Il se pourrait qu’il parasite des rongeurs ou des chauves-souris, qu’il ne rend pas malades.

Des tests de phase I sur la non-dangerosité du vaccin pour l’homme pourraient commencer au début de 2004, indique l’un des principaux responsables de la recherche, Gary Nabel, dans la revue Nature. C’est une société de Leyde, aux Pays-Bas, Crucell NV, qui fabriquera le vaccin anti-Ebola. Le Dr Nabel travaille parallèlement avec la société GenVec, de Gaithersburg, dans le Maryland, sur la mise au point d’un futur vaccin antisras.
Nabel espère pouvoir, avec l’accord de la Food and Drug Administration, l’autorité de régulation américaine, offrir le nouveau vaccin aux pays africains menacés d’une épidémie. Cette année, la fièvre a tué 128 personnes en République démocratique du Congo (RDC). D’autres poussées d’Ebola ont fait plus de 1 000 morts au Soudan, en Ouganda, au Gabon et en Côte d’Ivoire depuis que le virus a été découvert en 1976.
En 2000, Nabel avait présenté un vaccin anti-Ebola qui s’administrait en deux temps : une première injection d’ADN d’Ebola non contaminant, suivie d’un rappel fait à partir d’un adénovirus affaibli, un virus respiratoire porteur de gènes d’Ebola. Ce vaccin provoquait une forte réponse immunitaire, mais l’opération prenait six mois.
Nabel et ses collègues du NIAID ont poursuivi leurs travaux sur le vaccin de rappel jusqu’à ce que, procédant à des essais sur huit singes, ils constatent que ces derniers étaient totalement protégés. En cas de brusques apparitions du virus, estiment les chercheurs, on pourrait avoir recours à la stratégie utilisée dans les années 1970 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) contre la variole : la « vaccination en réseau » pour protéger les personnes exposées à des contacts.

Marilyn Chase
© Dow Jones & Company et J.A.I. 2003. Tous droits réservés.

Afrique du Sud
Le crime se porte bien
Selon le rapport Strategic programme framework on crime and drugs for Southern Africa des Nations unies paru le 20 août, le crime organisé – et en particulier le trafic de drogue – a connu une croissance exponentielle en Afrique du Sud depuis 1994. Quelque 238 syndicats du crime agiraient dans le pays et à ses frontières. En cause, la fin de l’isolement diplomatique, la libéralisation économique et l’amélioration des infrastructures de transport et de communication ! Une situation d’autant plus inquiétante qu’elle s’accompagne d’une forte corruption et de violences urbaines. Le taux de viols et d’agressions commis contre les femmes en Afrique du Sud compte « parmi les plus élevés du monde ». n

États-Unis
ashcroft en tournée
Le ministre américain de la Justice John Ashcroft a entamé une tournée pour tenter de réconcilier les Américains avec la loi du Patriot Act. Celle-ci, votée au lendemain du 11 septembre 2001, est dénoncée, jusque dans les rangs du Congrès, comme liberticide. Ashcroft a prononcé, le 19 août, son premier discours à Washington, qui devrait se poursuivre, à quelques mois de l’élection présidentielle de 2004, par une douzaine d’interventions en Pennsylvanie, dans le Michigan, l’Ohio et l’Iowa. n

Russie
Dommages et intérêts
Vingt-sept survivants de la prise d’otages d’octobre 2002 dans un théâtre de Moscou ont saisi, le 17 août, la Cour européenne des droits de l’homme. Chacun d’eux réclame 50 000 euros de dommages et intérêts aux autorités russes. Selon l’AFP, un total de soixante et une plaintes portant sur 55 millions d’euros ont déjà été déposées contre les autorités moscovites. Les tribunaux ont rejeté plus de la moitié d’entre elles. Le bilan de l’assaut donné, le 26 octobre à l’aube, à l’aide de gaz mortels, par les forces spéciales russes avait été de 129 morts parmi les 800 otages, et de 41 membres du commando tchétchène.

Athlétisme
Lamine Diack se succède à lui-même
Sans surprise, le Sénégalais Lamine Diack, 70 ans, seul candidat à sa succession, a été réélu au poste de président de l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF), le 20 août à Paris. Cela, lors du 44e Congrès de l’instance sportive, quelques jours avant le coup d’envoi des neuvièmes Championnats du monde (23-31 août), au Stade de France. Diack – qui avait succédé en novembre 1999 à l’Italien Primo Nebiolo, décédé – a refusé la réélection par acclamation que proposaient certains de ses collègues et réclamé un vote, à l’issue duquel il a obtenu 165 votes favorables pour 5 « non » et 4 absentions. L’IAAF gère un budget annuel de quelque 50 millions de dollars (environ 46 millions d’euros).

La semaine de
Présentée par cyril fleury et Juliette Bastin

Télé-réalité
Une « Superstar » panarabe
Avec 52 % des voix, Diana Karzon, jeune et charmante jordanienne de 19 ans, a remporté la finale de Superstar face à la Syrienne Rowaida Attiyeh en interprétant « Ala bahi wakif amarein », du Libanais Melhem Barakat. 4,8 millions de fans ont voté par Internet ou par téléphone : un énorme succès pour cette émission de télé-réalité qui a vu s’affronter pendant vingt et une semaines douze chanteurs en herbe venus de l’ensemble du monde arabe. Les islamistes de tout poil n’ont qu’à bien se tenir : le monde change.

Mauritanie
Ould Daddah candidat
L’opposant mauritanien Ahmed Ould Daddah a annoncé, le 20 août, qu’il se porterait candidat à l’élection présidentielle du 7 novembre. Il a reçu l’investiture de son parti, le Rassemblement des forces démocratiques (RFD). Candidat malheureux à la magistrature suprême en 1992, Ould Daddah avait boycotté le scrutin de 1997 pour protester contre la fraude. L’annonce de sa candidature intervient quelques heures après celle de l’actuel chef de l’État, Maaouiya Ould Taya, qui représentera le Parti républicain démocratique et social (PRDS). Trois autres challengers sont également dans la course.

Corée du Nord
Pas d’inspection !
Le gouvernement nord-coréen a rejeté, le 20 août, toute possibilité d’inspection de ses sites nucléaires. Cette décision intervient une semaine avant la réunion, à Pékin, des principales puissances de la région, décidées à trouver une issue à la crise. La Chine, les États-Unis, la Corée du Sud, le Japon et la Russie doivent se retrouver, le 27 août, dans la capitale chinoise, pour tenter de persuader Pyongyang d’abandonner toute ambition nucléaire.