Tunisie : prison à vie pour sept accusés dans les procès des attentats du Bardo et de Sousse
La justice tunisienne a condamné samedi sept accusés à la prison à vie dans les procès des attentats du Bardo et de Sousse en 2015, après une dizaine d’audiences réparties sur un an et demi, apportant des réponses incomplètes sur les responsabilités.
D’autres accusés ont été condamnés à des peines allant de 16 ans à 6 mois de prison, 27 accusés ont bénéficié d’un acquittement et aucune condamnation à mort n’a été prononcée, a indiqué le porte-parole du Parquet Sofiène Sliti. Le parquet a décidé de faire appel, a-t-il ajouté.
Pour le procès de l’attaque contre le musée du Bardo, trois accusés ont été condamnés à la prison à vie pour « homicide volontaire », « participation dans un homicide volontaire », et « agression visant le changement de l’aspect civil de l’État ».
Dans ce même procès, des peines d’emprisonnement allant de 16 ans à un an ont été prononcées et une dizaine d’accusés ont été acquittés, selon la même source.
Liens entre les deux attentats
Au total 25 accusés ont été poursuivis dans le cadre de l’attentat contre le musée du Bardo, 22 en détention et trois en liberté. L’attaque avait fait 22 morts le 18 mars 201: un agent de sécurité tunisien et 21 touristes parmi lesquels, quatre Français, quatre Italiens, trois Japonaises et deux Espagnols.
Dans l’affaire de l’attaque contre un hôtel à Sousse, quatre accusés ont été condamnés à la prison à vie pour également « homicide volontaire » , »participation dans un homicide volontaire » et « agression visant le changement de l’aspect civil de l’État ».
Cinq accusés ont été condamnés à des peines variant entre 6 ans et six mois et 17 accusés ont été acquittés, a précisé Sofiène Sliti.
Au total 26 personnes ont été poursuivies dans cette affaire, 18 en détention et 8 en état de liberté, selon la même source.
Les deux procès sont suivis avec une grande attention dans plusieurs pays européens dont étaient originaires de nombreuses victimes.
Les dépositions des accusés lues lors des audiences ont mis en évidence d’importants liens entre les deux attentats, tous deux revendiqués par le groupe jihadiste Etat islamique (EI).
Certains accusés désignent un même homme, Chamseddine Sandi, comme le cerveau des attentats. Poursuivi, selon des avocats, dans les deux affaires comme d’autres accusés, ce suspect aurait été abattu en 2016 dans un raid américain en Libye, selon des médias tunisiens.
Amphétamines
Lors de l’attentat contre le musée du Bardo, le premier en Tunisie à être revendiqué par l’EI, les deux assaillants avaient également blessé 43 personnes, avant d’être abattus par les forces de sécurité.
Les investigations ont montré la présence d’amphétamines dans le corps de l’un des tireurs: Yassine Laabidi né en 1990. Le deuxième assaillant, Jaber Khachnaoui, né en 1994, s’était rendu en Syrie en décembre 2014 en passant par la Libye.
Dans cette affaire, un des accusés, Mahmoud Kechouri, a affirmé avoir préparé des plans et gardé des téléphones à la demande de Chamseddine Sandi, un ami. Il a également dit avoir préparé des cartes du musée, en détaillant notamment les cibles envisagées.
Cet ouvrier de 33 ans a justifié son aide « comme un devoir pour participer à l’émergence du califat » autoproclamé par l’EI en 2014, selon ses dépositions lues à l’audience.
Mais rares sont les dépositions à avoir apporté un réel éclairage sur les faits.
« Reconnus comme victimes »
Nombre d’accusés ont été uniquement poursuivis pour avoir été en contact via une application de messagerie avec d’autres suspects en fuite.
« On sait qu’il y a un organisateur central et deux tireurs, mais la motivation intime des accusés ne semble pas intéresser le tribunal, et les débats sur les faits sont restés très courts », déplorait récemment un des avocats des victimes françaises, Gérard Chemla.
L’audience de vendredi, la dernière en première instance, a été retransmise en direct dans une salle d’audience à Paris et en Belgique. Les trois précédentes avaient été retransmises en direct à Paris en présence de parties civiles françaises.
« Le procès leur aura permis, en organisant la visioconférence et en laissant la parole à des avocats choisis par les victimes, d’avoir enfin été reconnus comme victimes par l’État tunisien », a souligné Me Chemla.
L’attentat de Sousse, où 30 Britanniques avaient été tués, fait aussi l’objet d’une procédure devant la Cour royale de justice de Londres, visant à reconstituer les faits avérés.
Le 26 juin 2015, Seifeddine Rezgui, un étudiant, avait abattu des touristes sur la plage avant de pénétrer dans un hôtel où il a continué à faire feu à coups de grenade et de kalachnikov. Il avait fini par être abattu.
Les accusés dans les deux procès ont été jugés en vertu d’une loi antiterroriste adoptée à l’été 2015.
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