Esperluette se rebelle
Publié le 25 août 2003 Lecture : 1 minute.
Surpris hier soir au détour d’une phrase, ce dialogue entre les signes typographiques :
Esperluette : & moi & moi & moi.
Point d’exclamation : Égocentrique ! Égoïste ! Tu ne penses qu’à toi !
Point d’interrogation : Que veux-tu donc ? Qu’as-tu à te plaindre ?
Esperluette : Je veux être & un signe de ponctuation & un mot reconnu & remplacer le « et » dans les romans & tous les autres livres !
Point d’exclamation : & ! & ! & ! Tu n’as que ce mot à la bouche !
Virgule : Il faut la comprendre, soit dit en passant, personne ne connaît son nom, Esperluette, alors que tout le monde connaît le mien, les vôtres, et que nous avons, nous, la chance de rythmer les phrases à longueur de journée.
Point virgule (réfléchi) : Tu as raison, Virgule ; Esperluette n’est pas assez connue ; je ne comprends pas pourquoi ; elle a un joli nom ; elle a d’élégantes formes ; les calligraphes l’adorent ; il faut trouver une solution.
Point de suspension (d’un air las) : Attendre… Le temps la remettra à la mode… Peut-être même viendra-t-elle concurrencer le @ un beau jour…
Point d’exclamation : N’importe quoi ! Je ne veux pas entendre pareilles sottises !
Esperluette : Point d’exclamation, tu es & méchant & stupide & arrogant.
Deux points : Je le dis tout haut : Esperluette a raison. Elle doit être acceptée parmi nous : c’est essentiel.
Point d’interrogation : Comment faire ? Édicter un traité ? Changer la constitution ?
Tirets (en choeur) : On-vote-pour-Esperluette.
Point d’exclamation : Il suffit ! Je me plie ! Le « et » est mort ! Vive le & ! Vive Esperluette !
Esperluette : Oh merci & merci & merci encore.
Point (final) : De rien. Je n’ai pas donné mon avis.
