Le partenariat entre la Ligue sénégalaise de football et le diffuseur chinois StarTimes a déjà du plomb dans l’aile

Matchs annulés, versement non effectué… Quelques mois après l’accord conclu fin 2018 entre Ligue sénégalaise de football professionnel (LSFP) et le média chinois StarTimes, sa mise en oeuvre se révèle compliquée.

Match de Ligue 1 sénégalaise entre Casa Sport et La Linguere, le 13 mai 2017. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Match de Ligue 1 sénégalaise entre Casa Sport et La Linguere, le 13 mai 2017. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Alexis Billebault

Publié le 11 février 2019 Lecture : 3 minutes.

Sur le papier, l’accord était alléchant. Un partenariat de dix ans (2018-2028), pour un montant total de 9 666 000 euros, une somme providentielle pour le football sénégalais, qui ne roule pas sur l’or. StarTimes, un puissant média chinois bien implanté en Afrique, devait diffuser à chaque journée de championnat deux matches de Division 1, ainsi que des magazines sur le football professionnel au Sénégal. Un pacte auquel s’ajoutaient la fourniture de dix pelouses synthétiques ou encore différentes récompenses remises aux meilleurs joueurs lors des matches retransmis.

Matches reportés

Mais trois mois après le début du championnat, l’accord aurait déjà du plomb dans l’aile. Six matches, dont deux devant  être retransmis via l’application mobile StarTimes, ont été reportés, une situation qui crispe autant Saer Seck, le président de la LSFP, que les dirigeants chinois basés au siège de la société, à Pékin, qui ne peuvent que constater les difficultés rencontrées pour développer leurs activités commerciales au Sénégal.

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Les matches figurant au programme des retransmissions ont été décalés pour des raisons variées : les stades étaient en effet déjà retenus pour d’autres manifestations (meetings politiques, combats de lutte, concerts, chants religieux), ou parce que le nombre de policiers pour assurer le maintien de l’ordre n’était pas assez élevé. « Ce n’est pas normal, et cela prouve qu’il y un problème au niveau des structures. On a des stades de foot qui servent à d’autres choses. Cela peut se concevoir, mais on a l’impression que le football passe en dernier. Si on veut le professionnaliser, il faut faire autrement. Sinon, rien n’avancera », râle un dirigeant de club.

Emplois directs

Saer Seck, le patron du football professionnel au Sénégal, ne cache pas son inquiétude de voir le contrat qui lie la LSFP et StarTimes remis en cause. « Pour l’instant, les Chinois ne menacent pas de rompre l’accord. Mais nous, acteurs du football sénégalais, devons faire en sorte que ce problème cesse. On a trouvé un partenaire qui verse des droits télé, ce que personne n’avait jamais fait auparavant. Si ce diffuseur fait la promotion d’un match devant être retransmis et qu’il apprend que ce match est reporté pour telle ou telle raison, il a le droit d’être furieux. »

« Il faut une indispensable prise de conscience : économiquement, le foot est important. Si notre championnat se déroule dans de bonnes conditions, avec une visibilité, il attirera d’autres investisseurs. Et dans dix ans, après le partenariat avec StarTimes, peut-être pourrons-nous envisager quelque chose encore plus important », poursuit Saer Seck, selon lequel le football professionnel représente 1 500 emplois directs au Sénégal.

Augustin Senghor, le président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), observe la situation avec beaucoup d’attention : « Ce contrat est important pour le football sénégalais, qui avait trouvé un diffuseur prêt à mettre des moyens importants pour lui offrir une vraie visibilité, au niveau national et international. Il faut juste rappeler que le foot professionnel, au Sénégal, représente plusieurs milliers d’emplois directs. Ce n’est vraiment négligeable, et nous essayons de le faire comprendre aux autorités. Nous avons un déficit de structures au Sénégal. Il est tout à fait compréhensible que les stades soient utilisés pour d’autres manifestations que les matches de football, mais ces derniers doivent rester prioritaires malgré tout. »

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Le premier versement de StarTimes encore attendu

En juillet 2018, Telecom, maître d’oeuvre de l’installation de la TNT au Sénégal, avait contesté les méthodes chinoises devant le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA), lequel avait estimé que le processus de commercialisation des décodeurs TNT de StarTimes et ses activités de distribution de services audiovisuels étaient « irréguliers ».

StarTimes, qui s’est associé avec la société de production RTS pour la diffusion des matches via Life TV, n’a pas encore débuté la commercialisation de ses décodeurs.  « Les matches peuvent être regardés sur l’application StarTimes sur les smartphones », précise Saer Seck, qui confirme les informations de Jeune Afrique selon lesquelles les Chinois ne se seraient pas encore acquittés des règlements promis pour la saison en cours (environ 970 000 euros). « C’est exact, mais le versement est prévu dans les prochains jours », assure-t-il.

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