Emirates au septième ciel

En décidant de doubler sa flotte à l’horizon 2010, la compagnie de Dubaï se donne les moyens de ses ambitions.

Publié le 25 août 2003 Lecture : 3 minutes.

Dans un secteur sinistré depuis plusieurs mois sous les effets conjugués de la guerre en Irak, du ralentissement de l’activité mondiale et de l’épidémie de sras, la compagnie aérienne Emirates veut bousculer l’ordre établi. Encouragé par les profits records engrangés durant 2002, le transporteur émirati a passé une commande de 19 milliards de dollars lors du dernier salon du Bourget, qui s’est tenu du 14 au 22 juin en France. Premier bénéficiaire, Airbus, qui a ainsi vendu 23 A-380, le nouvel avion géant de 550 places, pour un total de 12,5 milliards de dollars. Son concurrent américain, Boeing, a dû se contenter d’une commande de 26 B-777-300… en leasing.
En décidant d’acquérir une quarantaine d’appareils supplémentaires à l’horizon 2009, la compagnie installée à Dubaï affiche clairement ses ambitions. « Nous voulons faire d’Emirates le premier transporteur entre l’Est et l’Ouest », a déclaré Tim Clark, son directeur général. Pour ce faire, Emirates a déjà prévu d’augmenter ses capacités de transport de 30 % en 2003, en réceptionnant près d’un appareil par mois. La facture promet d’être salée, mais le transporteur a les moyens d’atteindre ses objectifs.
En 2002, contrairement à la plupart de ses concurrentes, la compagnie émiratie a vu le nombre de ses passagers progresser de 26 %, pour s’établir à 8,5 millions, et elle entend même franchir la barre des 10 millions dès la fin de 2003. Sur la dernière année, Emirates a réalisé 247 millions de dollars (211,5 millions d’euros) de bénéfices pour un chiffre d’affaires de 2,6 milliards de dollars. Le groupe aérien a rapporté 65 millions de dollars à son propriétaire, l’émirat de Dubaï.
Le plan de développement du groupe Emirates prévoit un parc de 125 appareils dès 2010 (contre à peine plus de 50 actuellement). La flotte de la compagnie a déjà été étoffée durant les deux dernières années, avec les commandes de plusieurs gros- et très gros-porteurs (A-380, A-340-500/600 et B-777). Une lettre d’intention a été signée avec Boeing en 2001 pour l’acquisition de 27 B-777-200/300, ainsi qu’avec le constructeur européen pour la livraison, à partir de 2006, d’une première commande de 22 A-380. Stratégie de la compagnie, résumée par Tim Clark : « Avec l’arrivée des nouveaux très long-courriers (entre 15 000 et 16 000 km d’autonomie) et en bénéficiant d’une position géographique très favorable autour de son hub ultramoderne de Dubaï, Emirates sera l’une des très rares compagnies à pouvoir toucher en direct n’importe quel grand marché mondial de l’aérien. » Un principe mis en application dès la fin de cette année, lorsque la compagnie aura réceptionné son premier A-340-500. Elle sera alors en mesure de proposer des vols directs sur Melbourne ou Sydney, avant l’arrivée plus lointaine des A-380, qui permettront de rallier directement le continent nord-américain au départ des Émirats arabes unis.
Reste qu’Emirates, comme ses consoeurs, a dû faire face à un début d’année 2003 plutôt morose, notamment en termes de réservation. Son taux de remplissage a chuté de 12 points avant de rebondir pour se stabiliser ces dernières semaines à 63 %. La compagnie en a profité pour se restructurer, en mettant notamment en place une politique des coûts très stricte afin de « digérer » l’orage conjoncturel. Sa masse salariale est aujourd’hui l’une des plus faibles du marché, puisqu’elle ne représente que 20 % des charges de l’entreprise, alors qu’elle reste supérieure à 25 % chez la majorité des grandes compagnies européennes et américaines.
Farouchement indépendante, Emirates est aujourd’hui une des rares compagnies aériennes à n’avoir toujours pas rejoint de grandes alliances internationales. Elle continue néanmoins de passer des accords avec certaines de ses concurrentes, comme Lufthansa. « Nous voulons surtout être libres et ne pas avoir à subir les contraintes que pourrait nous imposer une affiliation dans une grande alliance », explique Tim Clark. Une exigence à la mesure de l’ambition de l’avionneur émirati.

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