Du bon usage du secteur privé

Publié le 25 août 2003 Lecture : 2 minutes.

Certains ont crié au loup. L’Organisation mondiale de la santé, en invitant le secteur privé à participer à des campagnes de lutte contre certaines maladies, signait un pacte avec le diable capitaliste, dont les intérêts ne sont pas la santé des plus démunis mais le profit. Mais Gro Harlem Brundtland aura au moins eu le mérite d’élaborer de nouvelles stratégies, différentes de celles qui avaient jusque-là échoué. Et peu importe le profit de certains si l’état de santé des plus mal lotis s’améliore. Un profit qui se limite d’ailleurs bien souvent à l’image, car dans ces opérations, si l’industrie pharmaceutique ne perd pas vraiment d’argent, elle n’en gagne pas non plus. Ainsi, l’onchocercose, une filariose entraînant, à terme, la cécité, a pu être circonscrite grâce au Programme international de lutte contre la maladie, qui comprend une donation à vie du Mectizan, un médicament fabriqué par le laboratoire américain Merck, mais qu’il vendait essentiellement dans sa branche vétérinaire.
Le paludisme, deuxième cause de mortalité en Afrique subsaharienne après le sida (1 million à 2 millions de morts par an), souffrait d’un cruel manque d’action et de la nette baisse d’efficacité des médicaments. Un partenariat a donc été créé dès octobre 1998 pour tenter de lutter plus efficacement contre la maladie. Roll Back Malaria (RBM, « Faire reculer le paludisme ») réunissait dans un premier temps quatre agences onusiennes : l’OMS, l’Unicef, le Pnud et la Banque mondiale. L’opération Médicaments antipaludiques, lancée dans le cadre de RBM en 1999, a alors associé le secteur privé pour la recherche et le développement de nouveaux traitements. Toutefois, ce partenariat souffre d’un manque évident de résultats. Mais il a au moins eu le mérite de stimuler une recherche qui, sinon, serait sans doute restée inactive.
D’autres initiatives public-privé fonctionnent mieux. Ainsi Halte à la tuberculose a permis de faire diminuer de 30 % le prix des médicaments de première intention, et de 95 % celui de ceux de seconde intention, en deux ans. L’Alliance mondiale pour l’élimination de la filariose lymphatique – ou éléphantiasis – a permis, en 2002, de traiter 65 millions de personnes à risque, contre 2,9 millions en 2000. Quant à l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination, créée en 1999, elle a octroyé à 34 des pays les plus pauvres des fonds suffisants pour couvrir leurs programmes nationaux de vaccination. Dans 27 autres États, 30 millions de doses vaccinales ont été distribuées. Enfin, l’OMS est partenaire d’Accelerating Access, le programme visant à négocier, entre les États et l’industrie pharmaceutique, une réduction du prix des traitements contre le sida. Dans certaines nations, cette baisse de tarifs a atteint 90 %.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires