Mélange des genres

Quand la tradition rencontre l’électronique.

Publié le 25 août 2003 Lecture : 2 minutes.

Quand la musique africaine rencontre la musique électronique, les avis dissonent. Les uns parlent de « colonialisme musical », d’autres s’extasient à l’écoute de ces rythmes « sans frontières ». Bref, l’éternel débat entre les puristes et les adeptes du métissage reprend de plus belle. L’initiative est souvent intéressante. L’exercice toujours difficile. D’un côté, il y a les chants des griots, le balafon et le djembé ; de l’autre, la technologie, l’ordinateur et le sampler. La tâche du musicien devient alors aussi périlleuse que celle d’un funambule. Quels sont les risques ? Que le sampler casse la structure de la musique africaine pour la formater au tempo occidental, ou, au contraire, que l’électronique se fasse trop timide et qu’au final, le mélange ne prenne pas.
Nombreux sont ceux à avoir tenté l’expérience ces dernières années. Dans les clubs de Paris et de New York, pas une soirée ne se passe sans que l’on se trémousse sur un morceau épicé à la sauce africaine. Du Tribute to Fela de Masters at Works, des DJ new-yorkais, au « Bisou sucré » du Français Bob Sinclar (remixeur de « Premier Gaou » des Magic System et DJ de l’album Africanism), les hymnes électroniques à l’Afrique ne se comptent plus. Oui, le tam-tam est « tendance ». Mais certains ont compris que la musique africaine ne se limitait pas au djembé et à Fela. Parmi eux, Frédéric Galliano. Pendant quatre ans, ce DJ français a sillonné l’Afrique de l’Ouest, son studio mobile sur le dos. Son morceau « Bko-Dkr » retranscrit ainsi des sons enregistrés dans un petit village situé entre Bamako et Dakar, là où son train est resté bloqué. L’aboutissement de ce périple, Frédéric Galliano and the African Divas, est un carnet de voyage sonore réunissant les voix magnifiques d’une dizaine de griottes accompagnées d’une multitude de musiciens rencontrés au Mali, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Niger, mais aussi des bribes de conversations saisies sur des marchés, des bruits de rue, tout cela interprété et mis en boucle par la house très aérienne de Frédéric Galliano.
La démarche de Mamani Keita et de Marc Minelli dont l’album Electro Bamako a connu un franc succès en 2001, va encore plus loin dans le métissage des rythmes : « De la chanson malienne mise en son avec du jazz electro, sur des structures pop mais avec du son rock ». Pourtant Marc Minelli, élevé à la chanson pop et à l’énergie punk ne connaissait rien à la musique africaine ; et Mamani Keita, ex-choriste du grand Salif, éduquée dans la tradition bambara, ne s’était jamais intéressée à la musique électronique. Certes, le résultat de cette rencontre est unique, mais il montre que les mélanges, même les plus douteux, méritent d’être goûtés.

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