Côte d’Ivoire : une ONG dénonce des violations des droits de l’homme à l’approche de la présidentielle

L’ONG Amnesty International dénonce dans un rapport publié le 11 février l’« impunité » de leurs auteurs, ainsi que des entraves à la liberté d’expression à l’approche de la présidentielle de 2020.

Dans les rues de Bouaké, la deuxième ville la plus peuplée de Côte d’Ivoire après Abidjan (illustration). © Sylvain Cherkaoui pour J.A.

Dans les rues de Bouaké, la deuxième ville la plus peuplée de Côte d’Ivoire après Abidjan (illustration). © Sylvain Cherkaoui pour J.A.

Publié le 11 février 2019 Lecture : 2 minutes.

Arrestations et emprisonnements arbitraires, harcèlement de l’opposition, de la société civile et des médias critiques : à l’approche de l’élection présidentielle de 2020, Amnesty International a dressé un bilan sévère des atteintes à la liberté d’expression en Côte d’Ivoire, dans un rapport publié le 11 février.

« Sept ans après la crise postélectorale, qui a coûté la vie à 3 000 personnes, la Côte d’Ivoire projette une image de relative stabilité favorisée par une [forte] croissance économique […] et par un retour sur la scène internationale », écrit l’ONG dans ce document intitulé « La situation en matière de droits humains demeure fragile », dans lequel elle appelle néanmoins les autorités ivoiriennes à « mettre fin aux arrestations arbitraires et aux actes de harcèlement » visant les voix divergentes, et demandé la libération immédiate des prisonniers d’opinion.

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« L’usage de lois répressives pour écraser le droit à la liberté d’expression se traduit par la détention arbitraire de très nombreux citoyens », souligne François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.

« Détentions arbitraires »

« Au moins 17 détentions arbitraires de journalistes et blogueurs ont été recensées ces cinq dernières années et le Conseil national de la presse a sanctionné des organes de presse à maintes reprises, leur imposant interruptions de publication et lourdes amendes », ciblant « les publications critiques envers les autorités et proches des mouvements d’opposition », a estimé l’organisation.

« Les opposants politiques sont aussi la cible d’un harcèlement judiciaire, parce qu’ils expriment leurs opinions », a ajouté l’ONG. Fin janvier, le député Alain Lobognon a par exemple été « inculpé de divulgation de fausses nouvelles et d’incitation à la révolte, a été condamné à un an de prison ».

>>> À LIRE – Côte d’Ivoire : la situation de Jacques Ehouo et d’Alain Lobognon va-t-elle tourner à la crise institutionnelle ?

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« Au moins 152 décès en détention »

De plus, l’ONG dénonce l’interdiction de « réunions pacifiques » régulièrement « dispersées par la police et la gendarmerie, qui font usage d’une force excessive », note-t-elle dans son rapport, en citant par exemple une manifestation de mars 2018 dont 40 participants ont été arrêtés.

« Les défenseurs des droits humains sont souvent menacés et leurs bureaux régulièrement cambriolés », s’inquiète Amnesty, qui recense des cas de torture « notamment à la Direction de la surveillance du territoire (DST), dans les postes de police et de gendarmerie ». Et s’alarme des « conditions carcérales inhumaines » dans le pays, soulignant qu’« au moins 152 décès en détention ont été recensés depuis août 2014 », selon ses chiffres.

Seules des personnes soupçonnées de soutenir Laurent Gbagbo ont été jugées

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Manque d’impunité

Amnesty International dénonce également l’« impunité » dont jouissent les auteurs de violations des droits humains : « Bien que le président Alassane Ouattara se soit engagé à faire en sorte que la justice soit rendue équitablement pendant son mandat, seules des personnes soupçonnées de soutenir Laurent Gbagbo ont été jugées pour de graves atteintes aux droits humains commises pendant et après l’élection [présidentielle] de 2010. »

>>> À LIRE Côte d’Ivoire : Gbagbo acquitté, un nouvel obstacle pour Ouattara

Tandis que « les membres des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), […] fidèles au président Ouattara, n’ont pas été traduits en justice, bien qu’ils soient soupçonnés d’avoir commis de graves atteintes aux droits humains, avec plus de 800 personnes tuées à Duékoué [ouest] en avril 2011 ».

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