Libye, Tshisekedi, Sahara occidental, budget… Ce qu’il faut retenir du 32e sommet de l’UA

Le 32e sommet de l’Union africaine s’est achevé lundi 11 février, à Addis-Abeba, sous la présidence de l’Égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Retour sur ses principales conclusions.

Les chefs d’État présents au 32e sommet de l’UA à Addis-Abeba, le 11 février 2019. © DR / Union africaine.

Les chefs d’État présents au 32e sommet de l’UA à Addis-Abeba, le 11 février 2019. © DR / Union africaine.

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Publié le 12 février 2019 Lecture : 4 minutes.

Lors de la rencontre des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’UA, précédent le 32e sommet des Chefs d’Etat africains, le 9 février à Addis-Abeba. © DR / Union africaine
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Sommaire

• Une conférence sur la Libye en juillet

Un militaire libyen à Sirte, en février 2015. Photo prise par Mohamed Ben Khalifa, qui a été tué le 19 janvier 2019. © Mohamed Ben Khalifa/AP/SIPA

Un militaire libyen à Sirte, en février 2015. Photo prise par Mohamed Ben Khalifa, qui a été tué le 19 janvier 2019. © Mohamed Ben Khalifa/AP/SIPA

L’Égypte ne souhaite pas que le gouvernement Fayez al-Sarraj ait la responsabilité de choisir les participants

L’une des avancées principales du sommet concerne la Libye. Alors que les violences de ces derniers mois ont empêché l’organisation d’une conférence nationale de réconciliation – initialement prévue au premier trimestre 2019 – les discussions entre le Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye et l’émissaire de l’ONU pour la Libye Ghassan Salamé, ont permis de fixer à la première quinzaine de juillet la tenue de ce grand rendez-vous.

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Smaïl Chergui, commissaire de l’UA pour la paix et la sécurité s’est félicité d’un nouveau départ du processus de pacification du pays, grâce à une coordination renforcée avec l’ONU.

>>> À LIRE – Libye : les interférences extérieures « compliquent une situation déjà compliquée » (UA)

Fait surprenant : le gouvernement libyen d’union nationale n’a pas été invité à participer à l’organisation de la conférence. Selon un diplomate présent à la réunion de la veille, sous l’égide de Denis Sassou Nguesso, l’Égypte ne souhaite pas que le gouvernement Fayez al-Sarraj ait la responsabilité de choisir les participants.

Les élections présidentielle et législatives qui devront succéder à la tenue de cette conférence nationale sont quant à elle prévues en octobre, comme nous l’annoncions plus tôt dans la journée.

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Dans sa déclaration finale à la presse, le président Sissi a assuré que l’Afrique continuerai à soutenir la Libye pour mettre fin à la guerre et au terrorisme.

>>> À LIRE – Libye – Jean-Yves Ollivier : « La paix doit se faire avec les acteurs sur le terrain »

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• Félix Tshisekedi reconnu par ses pairs

Félix Tshisekedi (à g.) et Paul Kagame. © Creative Commons / présidence rwandaise

Félix Tshisekedi (à g.) et Paul Kagame. © Creative Commons / présidence rwandaise

En dépit des demandes de l’opposant Martin Fayulu, les chefs d’État et de gouvernement de l’UA ainsi que la commission ont félicité Félix Tshisekedi pour sa victoire lors de la présidentielle du 30 décembre. Mieux : il a été élu deuxième vice-président du bureau de l’UA.

>>> À LIRE – RDC : les coulisses de la revanche de Félix Tshisekedi sur la communauté internationale

Le nouveau président congolais, qui effectuait sa première visite au siège de l’UA, a eu aussi de nombreuses rencontres bilatérales avec des chefs d’État qui avaient émis des doutes sur son élection. Il a aussi pu s’entretenir avec la représentante extérieure de l’Union européenne (UE), Federica Mogherini, et le secrétaire général de l’ONU, António Guterres.

Dans ses conclusions, le sommet de l’UA a par ailleurs félicité Félix Tshisekedi pour son élection. Le président congolais repart donc à Kinshasa conforté par la communauté internationale.

• La question du Sahara occidental à la trappe ?

Nasser Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération internationale dans son bureau à Rabat le 8 mai 2018. © Alexandre Dupeyron pour JA

Nasser Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération internationale dans son bureau à Rabat le 8 mai 2018. © Alexandre Dupeyron pour JA

Comme vous avez pu le constater, pour la première fois, il n’y a pas eu de décision sur le Sahara

Dans sa déclaration à la presse clôturant le sommet de l’UA, le président de la commission Moussa Faki a salué les progrès réalisés par la commission paix et sécurité sur la Libye, le Sahel, le Soudan du Sud, la Corne de l’Afrique et la Centrafrique. Sans évoquer le Sahara, pourtant un sujet dont se saisit traditionnellement l’institution panafricaine.

Le mécanisme africain de suivi sur le Sahara, créé lors du sommet de Nouakchott en juillet dernier, ne s’est pas réuni. Ce sommet aurait pourtant pu être l’occasion idéale, car c’est la première fois que tous ses membres – le président en exercice de l’UA, son prédécesseur, son successeur et le président de la commission – étaient au même endroit depuis sa création.

Depuis le retour du Maroc au sein de l’Union africaine en 2017, cette dernière semble disposée à laisser les Nations unies gérer l’épineux dossier. Aucune mention du Sahara ne figure par ailleurs dans les 95 pages de décision finale du sommet.

« Comme vous avez pu le constater, pour la première fois, il n’y a pas eu de décision sur le Sahara », s’est félicité Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères du royaume du Maroc, dans un entretien accordé à Jeune Afrique en marge du sommet à Addis-Abeba.

« Dans le rapport du Conseil de paix et de sécurité, les trois paragraphes sur le Sahara ont été supprimés. Mieux : un avis juridique très intéressant a circulé, émis par le Nigeria – qui n’est pas forcément un pays ami. Il exclut, aussi bien au niveau des ambassadeurs que des ministres, l’évocation, la citation ou la référence à la question du Sahara, sous aucune manière et aucune forme. C’est sur cette base que les paragraphes du Conseil de paix et de sécurité ont été supprimés », a-t-il ajouté.

• Un budget à nouveau en baisse en 2020

Passation de pouvoir entre Paul Kagame et Abdel Fattah al-Sissi, à la tribune du 32e sommet de l'Union africaine, le 10 février 2019 à Addis-Abeba. © DR / Présidence rwandaise

Passation de pouvoir entre Paul Kagame et Abdel Fattah al-Sissi, à la tribune du 32e sommet de l'Union africaine, le 10 février 2019 à Addis-Abeba. © DR / Présidence rwandaise

C’est la deuxième année consécutive que le budget de l’UA est en baisse

La réforme du barème des contributions des États membres au budget de l’UA, actée lors de ce sommet, a eu une conclusion pour le moins paradoxale : le budget régulier de l’institution panafricaine sera en baisse de 32 millions de dollars 2020. « La commission est instruite de faire des économies à l’intérieur du budget de l’Union », ont décidé les chefs d’État, selon le document de la décision finale.

L’idée de la réforme était de réduire la dépendance financière aux six principaux donateurs : le Nigeria, l’Égypte, l’Afrique du Sud, l’Angola et le Maroc. La contribution de chacun de ces pays a été limitée à 7,5% du budget, soit 45% pris ensemble.

>>> À LIRE – Comment l’Union africaine est-elle financée ?

Problème, les États moins riches, qui auraient dû prendre la différence à leur charge, ont refusé d’augmenter leur contribution, selon un participant aux discussions. « Nous avons fait bloc, confie ce diplomate. Du coup, Maurice, qui présidait les discussions, a décidé de baisser le budget. Et c’est ce qui s’est passé. »

C’est la deuxième année consécutive que le budget de l’UA est en baisse. Il était déjà passé de 790 millions de dollars en 2018 à 681 millions de dollars pour 2019.

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