Standard & Poor’s maintient la note de la RD Congo

Standard & Poor’s a maintenu à « B- » la note attribuée aux émissions souveraines de long-terme de la RD Congo en monnaie locale et en devises étrangères. L’agence américaine livre toutefois une analyse sévère et assez pessimiste des perspectives du pays.

Vue de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. © Muriel Devey/JA

Vue de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. © Muriel Devey/JA

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Publié le 25 août 2014 Lecture : 3 minutes.

Mise à jour du 16 décembre. Le chiffre de 40 milliards de dollars pour le PIB de la RD Congo est une prévision pour 2014 (et non le PIB de 2013 comme indiqué dans une version précédente).

Dans sa nouvelle évaluation de la République démocratique du Congo, publiée le 22 août, l’agence de notation Standard & Poor’s a décidé de maintenir à « B-« , la note attribuée aux émissions souveraines de long terme de Kinshasa en monnaie locale et en devises. Les obligations de courte maturité conservent elles aussi la note « B », reçue en décembre dernier.

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Cette analyse du risque souverain de la RD Congo – assortie de « perspectives stables » – place toutefois la qualité de crédit du pays un cran en dessous de celle du Cameroun et du Rwanda – notés « B » pour leurs émissions de long terme -, deux échelons en dessous de celle du Sénégal (B+) et trois crans plus bas que celle du Gabon (BB-).

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L’agence américaine se livre à une analyse particulièrement brute et directe de la RD Congo, assez surprenante chez un observateur extérieur.

Instabilité

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Dans la note explicative qu’elle publie, l’agence américaine dresse un portrait assez sévère et, dans l’ensemble, pessimiste de l’économie congolaise. Ainsi, selon Standard & Poor’s, les notes attribuées à la RD Congo reflètent « l’instabilité continue du pays – particulièrement dans l’Est -, le niveau extrêmement faible du revenu par habitant, la forte dépendance aux flux des IDE (…) et la faible qualité institutionnelle et en matière de gouvernance ».

L’agence de notation dit s’attendre « au vu des divisions politiques acrimonieuses et de l’histoire électorale récente [du pays], à ce que les troubles augmentent à mesure que l’échéance présidentielle de 2016 s’approche, […] en particulier si le président Kabila tente de modifier la constitution pour lui permettre de briguer un troisième mandat, ou si un grave dérapage du calendrier électoral paraît probable ». Une analyse particulièrement brute et directe, surprenante chez un observateur extérieur.

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Mais c’est sur le plan économique que la note de Standard & Poor’s semble sévère. Bien qu’elle ait révisé positivement à la hausse certaines de ses estimations – suite à une révision des données statistiques du pays – l’agence reste inquiète devant la fragilité de plusieurs indicateurs macroéconomiques et sociaux de la RD Congo.

Ainsi, le PIB par habitant, qui à la suite de ces révisions, est passé de 400 dollars à 540 dollars demeure l’un des plus bas du continent. Idem pour la valeur nette de la dette extérieure. Si elle ne devrait pas dépasser 30 % des recettes de la balance commerciale entre 2014 et 2017 – soit bien moins que le niveau de 90 % estimé auparavant -les besoins bruts de financement du pays devraient atteindre en moyenne 122 % des recettes extérieures et des réserves de change utilisables de la RD Congo.

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Standard & Poor’s s’inquiète du faible niveau des réserves extérieures du pays.

Perspectives

Enfin, la dette publique qui atteint 13,5 % du PIB en 2014 reste inférieure au niveau de 2009 (81 %), suite à l’annulation accordée en 2010 par les bailleurs de fonds et créditeurs du pays. Elle pourrait même atteindre 10 % en 2017.

Pour autant, cette bonne nouvelle est assombrie par le risque que des arriérés de paiement, certains datant des années 1980 et considérés jusqu’à présent comme pardonnés de facto par les créanciers du pays, ne fassent l’objet de nouvelles procédures judiciaires.

L’agence de notation rappelle ainsi qu’en juillet dernier, un tribunal new-yorkais à jugé que Kinshasa devrait payer 70 millions de dollars à Themis Capital et Des Moines investments, deux sociétés d’investissement américaines qui avaient racheté de la dette congolaise. Un regain de ce type de procédures pourrait compromette les « capacités de la RD Congo à émettre un eurobond », note Standard & Poor’s.

Point positif, malgré tout, la croissance économique du pays – bien que tributaire des cours internationaux des matières premières – devrait se maintenir durant les prochaines années. Selon Standard & Poor’s, le PIB nominal de la RD Congo devrait passer de 40 milliards de dollars prévus en 2014 à 65 milliards de dollars en 2017. Le PIB par habitant devrait atteindre 821 dollars en 2017, soit trois fois le niveau enregistré en 2007 (269 dollars).

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