[Chronique] Booba VS Kaaris, un clash afro-teinté
Qu’y a-t-il d’africain dans le clash entre les deux rappeurs français bodybuildés Kaaris et Booba ? Rien, même si le casting lorgne du côté du continent…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 12 février 2019 Lecture : 2 minutes.
Élie Yaffa est né d’un père sénégalais à Boulogne-Billancourt. Okou Gnakouri a vu le jour à Abidjan mais a grandi, dès l’âge de trois ans, dans les villes françaises de Paris, Taverny et Sevran. Devenus respectivement Booba et Kaaris, les deux rappeurs ne font des allusions à leurs origines africaines que lorsque l’enjeu artistico-commercial pointe le bout de son nez. « B2O » réalisa le titre « DKR ». « K2A », lui, se produisit en Côte d’Ivoire en 2017.
>>> À LIRE – Booba, le golden bad boy
Un combat de coqs en Afrique ?
Entre temps, les deux anciens compères déclenchaient un clash dans le sillage d’une autre confrontation, celle qui opposait leurs collègues Rohff – né à Antananarivo – et le franco-marocain La Fouine. En août 2018, une baston « duty free », en plein aéroport d’Orly, finira de susciter nausées ou agacement. Riche d’un rap particulièrement conscient, le continent noir avait tout intérêt à ce que l’africanité de ces lascars soit cantonnée à de laconiques allusions biographiques.
C’était sans compter sur le combat de coqs que les deux grognons entendent organiser pour laver leur (dés)honneur. Envisagé un temps dans la salle française de l’U Arena, l’OSNI (objet spectaculaire non identifié) sera rapidement annoncé à l’étranger, au Palais 12 de Bruxelles puis… en Afrique.
>>> À LIRE – Kaaris, un rappeur sur le ring
L’appel de Dieudonné
Comme si la galerie bouffonne de ce fait divers people n’était pas assez affligeante, c’est le polémiste Dieudonné qui suggéra, dès décembre, un match sur le continent africain. Ce clown triste manipule l’humour au service d’un prosélytisme nauséabond et le révisionnisme au profit d’une ironie douteuse. Il avait déjà tenté un buzz afro-teinté en annonçant sa candidature éphémère à la présidentielle du pays de son père : le Cameroun.
Fin 2018, il se saisit du clash à la mode, déclarant que le combat des rappeurs, s’il se tenait en Europe, serait une « humiliation supplémentaire, deux nègres encore une fois entraînés dans l’arène par les marchands du Temple ». « Booba, Kaaris, allez vous battre en Afrique ! », lança-t-il avec des arrière-pensées qu’il vaut mieux renoncer à identifier…
Chers Élie Yaffa et Okou Gnakouri, serait-ce un effet de votre bonté de retirer de votre grossier feuilleton les noms de la Tunisie, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et de tout autre pays africain ?
Kaaris a-t-il écouté le vrai-faux humoriste ? Début février, il annonce que le combat pourrait se tenir au mois de juin sur un ring… tunisien, proposition instantanément refusée par Booba. Cette hypothèse était-elle une façon de sous-entendre que le clash inorganisable, en Europe, pouvait toujours être mis sur pied sur le continent « façon-façon » ?
Chers Élie Yaffa et Okou Gnakouri, serait-ce un effet de votre bonté de retirer de votre grossier feuilleton les noms de la Tunisie, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et de tout autre pays africain ? Le continent est soumis à assez de fléaux comme ça.
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