Leur Afrique bien-aimée

Laura Bush, Bill Clinton, Condoleezza Rice… Ils étaient tous sur le continent pour promouvoir l’éducation ou la lutte contre le sida. Mais est-ce tout ce qu’ils ont en tête ?

Publié le 25 juillet 2005 Lecture : 3 minutes.

Laura Bush recueillie devant le mémorial du génocide de Gisozi au Rwanda, Condoleezza Rice promettant plus d’aide américaine vers l’Afrique, à Dakar, Bill Clinton les yeux remplis de larmes lorsqu’il serre la main de Nelson Mandela à Johannesburg… Auraient-ils voulu le faire exprès qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement : en moins d’une semaine, trois figures emblématiques de la politique américaine (l’épouse, la secrétaire d’État et le prédécesseur du président George W. Bush) ont fait leur pèlerinage africain.
Ils n’étaient pas venus pour la même raison. Mais, à l’évidence, la passion pour le continent dont se pique le Premier ministre britannique Tony Blair depuis le début de l’année les a tous inspirés… À coups de dollars, d’action humanitaire, de programmes commerciaux ou de messages politiques, les Américains ne cessent d’appeler au développement de l’Afrique, de rappeler qu’ils souhaitent s’y impliquer et de s’extasier devant les progrès accomplis.
Dernier visiteur en date, du 17 au 22 juillet, Bill Clinton a fait la promotion de sa fondation de lutte contre le sida au Mozambique, au Lesotho, en Afrique du Sud, en Tanzanie, au Kenya et au Rwanda. Reçu en véritable star, l’ancien président a affiché ses bonnes intentions et profité de son voyage pour critiquer la politique du gouvernement Mugabe.
Après un safari de trois jours avec ses filles à Madikwe, à la frontière entre le Botswana et l’Afrique du Sud, Laura Bush s’est, elle, fait l’ambassadrice de son mari. Entre le 12 et le 15 juillet, elle a visité des écoles et des hôpitaux en Afrique du Sud, en Tanzanie et au Rwanda, annonçant l’octroi de 300 000 bourses d’études sur quatre ans pour les jeunes Africaines et faisant don de 20 000 livres aux écoles de Zanzibar et autant aux établissements rwandais. Surfant sur sa cote de popularité – bien supérieure à celle de son mari -, Laura Bush, qui s’était déjà rendue en Afghanistan en mars et au Moyen-Orient en mai pour défendre l’action humanitaire américaine, n’a pas omis de rappeler que Washington avait consacré quelque 240 millions de dollars à la lutte contre le sida en Afrique du Sud et 177 millions en Tanzanie.
Autre ambassadrice de charme, Condoleezza Rice effectuait, du 19 au 21 juillet, son premier voyage officiel en Afrique subsaharienne depuis sa nomination à la tête du secrétariat d’État américain. Au menu : un Forum sur la coopération commerciale et économique entre les États-Unis et l’Afrique dans le cadre de l’Agoa (African Growth and Opportunity Act – loi sur les échanges commerciaux), à Dakar, une rencontre avec Omar el-Béchir et John Garang au Soudan, suivi de la visite de camps de réfugiés au Darfour (voir encadré).
Histoire de démontrer que les États-Unis ne s’intéressent pas qu’au pétrole, Condi Rice a annoncé la création d’un Fonds pour la diversification de l’économie africaine. Il n’en demeure pas moins que l’Agoa concerne essentiellement les produits pétroliers et que la suppression de certains droits de douane bénéficie autant aux États-Unis (et à ses importations d’or noir) qu’à l’Afrique. Au Soudan – eldorado pétrolier -, Condoleezza Rice n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler que la diplomatie américaine avait déployé beaucoup d’énergie (et d’argent…) en faveur des accords de paix.
L’Afrique centrale est la seule sous-région d’Afrique subsaharienne à ne pas avoir reçu, en ce mois de juillet, de visite américaine. Mais elle n’est pas oubliée pour autant. Le Center for Strategic and International Studies, un puissant think-tank washingtonien, vient de recommander à l’administration Bush de nommer un sous-secrétaire d’État au golfe de Guinée… L’appellera-t-on « monsieur Afrique » ou « monsieur Pétrole » ?

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