L’enfer au paradis

La baie de Loango fut l’un des principaux sites de la traite négrière.

Publié le 25 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

A une vingtaine de kilomètres au nord de Pointe-Noire s’ouvre la magnifique baie de Loango, qui abrite Pointe-Indienne, l’une des plus belles plages de la côte. Comment imaginer que ce site grandiose situé non loin des gorges de Diosso fut, quelques siècles plus tôt, l’un des hauts lieux de la traite négrière ?
Tout commence en 1482, quand le navigateur portugais Diego Cao, premier Européen à fouler le sol d’Afrique centrale, débarque dans la baie de Loango, siège d’un petit royaume fondé sept ans plus tôt. Regroupant une quinzaine de tribus, il était alors placé de l’autorité du puissant royaume Kongo. Par la suite, les Portugais prennent l’habitude de faire escale à Loango pour y commercer avec les rois Vili.
Le xvie siècle apporte la désolation dans la région, avec l’essor de la traite des esclaves, déportés pour travailler dans les plantations portugaises du Brésil. Au xviiie siècle, tandis que la traite se développe, le royaume de Loango devient, avec l’Angola, l’un des plus grands centres du « commerce du bois d’ébène » d’Afrique centrale. Venus de l’intérieur du pays, par la « piste des caravanes » qui reliait l’actuel Pool Malebo à Loango, les esclaves embarquaient dans cette baie pour un voyage sans retour vers les Amériques. Cette piste, encore appelée « route des portages », existe toujours, symbolisée par une double rangée de manguiers qui s’étend sur quelques centaines de mètres. Le point de rassemblement pour l’embarquement des esclaves est, lui aussi, encore visible. Une stèle a d’ailleurs été érigée pour ne pas oublier.
Du royaume de Loango, il existe peu de vestiges, à l’exception de l’ancien palais royal de Diosso, transformé en musée régional des Arts et des Traditions. Son origine remonte au xviie siècle, lorsque fut bâti le premier château où vécurent Ngangue M’Vumbe Niambi, le roi de l’époque, et ses successeurs.
C’est le 12 mars 1883, sous Mani Makosso Tchicousso, qui régna durant six années, qu’un traité fut signé à Loango entre l’administration coloniale française et les chefs de la région du Kouilou. La zone fut alors placée sous la souveraineté et le protectorat de la France. À la suite de ce traité, un bâtiment moderne à un seul niveau fut construit en 1952 pour servir de résidence au « Mâ Loango » (roi de Loango). C’est ainsi qu’en 1954, Mâ Loango Moe Poaty III, intronisé en mars 1932, intégra le palais où il vécut jusqu’à sa mort, le 3 mai 1975.
L’actuel roi de Loango est Moe Tati Ier, un ancien militaire de l’armée française âgé de 74 ans. Son intronisation, le 4 novembre 2000 à Diosso, capitale du royaume, a mis fin à plus de quatre ans de querelles de succession entre chefs de clans. Avec le royaume Téké, qui s’étend du Gabon jusqu’en République démocratique du Congo (RDC), celui de Loango figure parmi les derniers royaumes traditionnels que compte encore le Congo-Brazzaville.

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