La dynastie Fotso
A n’en pas douter, le groupe Fotso ne manque pas d’ambitions. Si l’histoire a commencé avec quelques boîtes d’allumettes dans les années 1970, Victor Fotso retiré depuis à Bandjoun puis son fils Yves-Michel (vice-président) ont construit un véritable empire à l’échelle du continent. Outre la production d’allumettes que l’on retrouve en Côte d’Ivoire, au Liberia et en Angola, cet empire sans frontières produit aussi des piles électriques, des insecticides (Sénégal, Mali), fabrique des cahiers, distille des liqueurs, récolte au Cameroun des haricots verts pour la marque Bonduelle et possède l’ancienne Imprimerie nationale au Tchad. Sans oublier, non plus, les investissements immobiliers en France, à Levallois-Perret, opérés par la Compagnie internationale de services (CIS). Avec un chiffre d’affaires annoncé de 85 milliards de F CFA, Fotso emploie 5 000 personnes, sans compter les 18 000 planteurs de haricots verts.
Mais l’entreprise familiale possède aussi la Commercial Bank qui a ouvert sa première agence à Douala en 1997 (CBC). Depuis, elle a essaimé en 1999 au Tchad (CBT) et en Centrafrique (CBCA), en Guinée équatoriale l’année dernière (CBGE) et, tout dernièrement, à São Tomé e Príncipe (COBSTP). À cela, il faut ajouter la Société financière africaine (SFA) basée à Douala.
« Quand on regarde l’actualité, on parle de globalisation, de regroupements de grandes multinationales. Si vous restez tout petit dans votre coin, vous ne résisterez pas. Nous voulons être compétitifs en proposant des services à tous les opérateurs économiques de la sous-région », déclare Yves-Michel Fosto pour expliquer une telle expansion. « Prenez l’exemple d’une entreprise centrafricaine important ses fournitures par le port de Douala. Étant implantés dans les deux pays, nous pouvons très rapidement effectuer un ordre de virement », précise l’homme d’affaires, qui annonce avec fierté la création prochaine d’un holding dont le siège sera au Luxembourg. Grâce au soutien de partenaires aussi prestigieux que la Banque européenne d’investissements (BEI), les agences pour les investissements privés de la coopération allemande (DEG) et française (Proparco), le capital sera de 46 millions d’euros.
« Il est évident que les récentes odeurs de pétrole en Guinée équatoriale, à São Tomé et au Tchad attirent les investisseurs, reconnaît Yves-Michel Fotso. Mais nous voulons devenir incontournables dans toute la sous-région. » Des implantations sont prévues au Congo-Brazzaville et au Gabon en 2007. En RCA, la CBCA « accompagne les autorités en leur accordant des avances et des facilités de caisse ». Une façon habile de reconnaître qu’une banque peut se montrer compréhensive avec les décideurs politiques en difficulté lorsqu’il s’agit d’assurer les fins de mois. Cela suffit-il à expliquer une telle réussite ?
« Nous avons une crédibilité et nous avons bonne réputation. Les opérateurs nous font confiance, car nous connaissons leurs besoins », explique le jeune patron, qui aime à rappeler l’assise industrielle du groupe familial tout en évoquant à demi-mot les choix stratégiques inéluctables. « L’époque des années 1970 est révolue, les produits viennent à présent de Chine, et l’activité financière est prioritaire. Selon moi », prend-il soin de préciser comme pour mieux souligner ce qui pourrait s’apparenter à un désaccord entre générations.
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