Tunisie – Youssef Chahed à Paris : « Je ne suis pas inquiet au sujet de la fuite des cerveaux »
Le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, a tenu une conférence intitulée « réussir la démocratie avec les jeunes », jeudi 14 février à l’Institut du monde arabe (IMA) de Paris, dans le cadre d’une visite de trois jours dans la capitale française.
Les jeunes, pourtant mis à l’honneur lors de cette soirée du 14 février, étaient moins nombreux que les députés, ministres et personnalités de la vie politique tunisienne venus en masse à Paris pour assister à la conférence de Youssef Chahed sur la jeunesse et la démocratie, organisée dans le cadre de sa visite en France du 13 au 15 février.
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Après avoir exprimé son honneur et sa joie d’être présent avec des Tunisiens dans ce lieu « symbolique » qu’est l’Institut du monde arabe (IMA), le chef du gouvernement a rappelé la longue histoire qui lie la France et la Tunisie. Il a ensuite exprimé son espoir pour son pays, qui sera entre les mains d’une jeunesse « consciente » et saura mener le pays vers le « droit chemin ».
« La noble tâche de donner une belle image »
« Nous avons affronté des situations difficiles et nous avons tout fait pour éviter les grèves générales afin de prévenir les surendettements qui suffoqueront les générations futures. Nous avons la noble tâche de porter une belle image de notre pays, et de nous diriger vers la jeunesse. Cette dernière ne doit pas être un gadget électoral », a affirmé Youssef Chahed lors de son allocution. Une déclaration qui intervient alors que la Tunisie vient de trouver une issue au bras de fer entre le gouvernement et l’UGTT, le principal syndicat tunisien, et semble avoir survécu à une escalade des tensions entre le ministère de l’Éducation nationale et la centrale, qui menaçait le déroulement de l’année scolaire.
Youssef Chahed a par ailleurs affirmé être conscient du grand nombre de jeunes chômeurs et de la marginalisation qui demeure patente en Tunisie, surtout dans les régions de l’ouest et du sud du pays, qui demeurent des zones délaissées au profit de la capitale et des villes côtières. Il a assuré que les jeunes figurent en bonne place dans le projet politique du gouvernement : « la jeunesse est au cœur de notre démarche politique », a-t-il affirmé.
Nous sommes tous partis étudier et travailler à l’étranger, mais nous sommes tous revenus un jour en Tunisie, parce que nous aimons ce pays
La question de la fuite des cerveaux s’est également invité dans son discours. La Tunisie a connu ces dernières années une vague de départs de jeunes diplômés vers d’autres horizons, à la recherche d’une meilleure qualité de vie. Ce mouvement suscite régulièrement l’indignation d’une société tunisienne qui critique le silence du gouvernement face à cet « exode ».
S’exprimant spontanément sur le sujet – l’échange prévu avec les invités ayant été annulé, au grand dam des jeunes venus faire entendre leur voix – , le premier des ministres tunisiens a déclaré « ne pas être inquiet ». « Je ne trouve pas que ça devrait être problématique. Nous sommes tous partis étudier et travailler à l’étranger, mais nous sommes tous revenus un jour en Tunisie, parce que nous aimons ce pays. »
Optimisme
Youssef Chahed a tenu à donner quelques chiffres pour rassurer son auditoire. « La Tunisie a connu l’an dernier un taux de croissance de 2,8 %. Nous sommes en train de travailler sur les secteurs piliers de notre économie, tel que le tourisme, et nous avons reçu en 2018 huit millions de touristes. Ce chiffre se rapproche de celui réalisé en 2010, année référence. »
« En 2016, nous avons tenu un discours franc. Conscient des difficultés auxquelles nous sommes livrés, nous n’avons pas nié la réalité, mais nous comptons améliorer le pouvoir d’achat et réaliser une percée considérable. Nous comptons également faire participer les jeunes. Nous ne voulons plus qu’ils soient les destinataires, mais les acteurs. »
>>> À LIRE – Tunisie-France : l’agenda parisien de Youssef Chahed
Modérée par Hassen Zargouni, directeur général du bureau d’études Sigma Conseil, la conférence a réuni autour de Youssef Chahed Hubert Védrine, ex-ministre français des Affaires étrangères, Neila Benzina, entrepreneure tunisienne dans le secteur des technologies, Ghazi Ghraïri, ambassadeur de la Tunisie auprès de l’UNESCO, et Abdelkoddous Saadaoui, secrétaire d’État chargé de la Jeunesse.
Par ailleurs, contrairement à ce qui a été relayé par plusieurs médias concernant l’exonération pour tous les étudiants tunisiens de la hausse des frais d’inscription dans les universités françaises, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Slim Khalbous, a affirmé que les gouvernements tunisien et français sont toujours en négociation sur le sujet, et que la mesure ne concernerait que les 12 000 étudiants déjà en France.
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