Crise au Soudan : le pouvoir menace, les leaders de la contestation maintiennent la pression

Les autorités soudanaises ont menacé jeudi de poursuivre les organisateurs des manifestations antigouvernementales qui secouent le pays depuis près de deux mois, les accusant de « menacer la sécurité nationale ». Depuis le début de la crise, au moins 30 personnes ont été tuées dans la répression du mouvement.

Des manifestants antigouvernementaux à Khartoum, le 13 janvier 2019. © AP/SIPA

Des manifestants antigouvernementaux à Khartoum, le 13 janvier 2019. © AP/SIPA

Publié le 15 février 2019 Lecture : 2 minutes.

Cet avertissement intervient au lendemain de la première conférence de presse organisée par l’Association des professionnels soudanais, fer de lance de la contestation, qui a appelé à poursuivre le mouvement jusqu’à la chute du régime du président Omar el-Béchir.

Menaces de poursuites contre « ceux qui appellent à la violence »

« Le gouvernement lancera des poursuites contre ceux qui appellent à la violence, menacent la sécurité nationale et mettent le pays en danger », a déclaré le ministre d’État à l’Information, Maamoun Hassan, dans un communiqué.

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« Le régime doit tomber, c’est notre objectif », avait déclaré Mohammed Youssef, un porte-parole de l’Association des professionnels soudanais lors d’une conférence de presse au siège du principal parti d’opposition Al-Oumma dans la ville d’Omdourman, jumelle de Khartoum. Le parti d’opposition le mouvement contre le gouvernement et a appelé mercredi à poursuivre « le soulèvement jusqu’à ce que le régime soit renversé ».

Il avait exclu toute négociation avec le gouvernement ou avec Omar el-Béchir, au pouvoir depuis un coup d’État en 1989.

« Document pour la liberté et le changement »

Mohammed Youssef avait également appelé les formations politiques et les militants à se joindre au mouvement de protestation en signant le « Document pour la liberté et le changement » qui expose selon lui les grandes lignes d’un plan de l’après-Béchir, incluant une refonte du système judiciaire et un arrêt du déclin économique du pays. « Nous avons maintenant la confirmation que ce groupe pour la liberté et le changement appelle à la violence », a déclaré  Hassan.

Jeudi, dans le centre de Khartoum, des centaines de manifestants ont scandé « liberté, paix, justice », principal slogan du mouvement. Ils ont été rapidement dispersés par la police anti-émeute qui a eu recours au gaz lacrymogène et à des arrestations, selon des témoins. Les forces de sécurité ont également tiré au gaz lacrymogène sur des manifestants rassemblés dans le quartier de Bahari dans le nord de Khartoum. Des habitants d’un camp de déplacés dans la région du Darfour (ouest) ont également défilé.

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Entre 30 et 50 victimes, selon les bilans

Miné par une profonde crise économique, le Soudan est secoué depuis le 19 décembre par des manifestations quasi quotidiennes déclenchées par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain. Ces rassemblements se sont transformés en un vaste mouvement de contestation d’Omar el-Béchir.

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Selon un bilan officiel, 30 personnes sont mortes depuis le début du mouvement. L’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) fait état de 51 morts. Des organisations de défense des droits humains ont fait état de centaines d’arrestations, dont des chefs de l’opposition et des militants.

Selon Reporters sans frontières (RSF), au moins 79 journalistes ont été arrêtés. « Ces arrestations systématiques ont non seulement ciblé les journalistes couvrant les protestations mais aussi les reporters qui ont osé manifester contre la politique de censure du régime », a accusé RSF.

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