Rama Yade, trois-en-une
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Elle a tout pour plaire. À Nicolas Sarkozy et François Fillon, d’abord, à qui elle offre, dans un joli « trois-en-une », les critères de diversité tant recherchés pour symboliser l’ouverture de leur équipe gouvernementale. Avec Ramatoulaye Yade-Zimet, Franco-Sénégalaise de 30 ans, Sarkozy intègre sur la photo de famille une Noire (la seule du gouvernement), une femme supplémentaire (11 au total) et une jeune (elle est la benjamine). Mieux : de famille musulmane, elle a reçu une éducation catholique, au Sénégal, où elle est née, puis en région parisienne. Comment mieux symboliser la diversité à la française ?
Mais elle a également tout pour plaire aux Français. Une scolarité exemplaire, à Colombes, où elle a vécu avec sa mère et ses surs – son père avait quitté le domicile conjugal ; de brillantes études à Sciences-Po ; une carrière fulgurante – administratrice au Sénat, puis directrice des programmes de la chaîne parlementaire – qui l’a menée en haut des marches du Quai d’Orsay, où elle occupe, depuis le 19 juin, le fauteuil de secrétaire d’État aux Droits de l’homme.
Elle rejoint l’UMP en 2005, car, estime-t-elle, Sarkozy est davantage porteur d’espoir pour les jeunes minorités visibles que la gauche, dont elle partage les idéaux mais qui l’a déçue. Ironie du sort, elle est mariée à un fonctionnaire de l’Agence française de développement (AFD), chargé en particulier des ONG et de la société civile, et socialiste.
La dénomination de son poste lui laisse une marge de manuvre à la fois large et réduite. Elle ira là où son patron – Bernard Kouchner – ne pourra se rendre, avec un prisme droits de l’homme, et pourra également, si elle arrive à faire contrepoids à un homme beaucoup plus expérimenté, faire passer ses idées.
Avant sa nomination, Rama Yade pesait ses mots et limitait ses apparitions publiques à l’étranger. Elle a trop souffert, dit-elle, des insultes et des critiques infondées venues de son continent natal, où la majorité ne comprend pas qu’une Sénégalaise puisse adhérer à la politique de Sarkozy. Trop souffert que son nom, celui de son père, ancien secrétaire particulier de Senghor (avant de devenir diplomate), et de sa famille sénégalaise soit ainsi sali. « Attendez, disait-elle, que j’aie l’occasion de faire quelque chose pour l’Afrique. Je prends la place là où il y en a, pour faire bouger les choses qui me tiennent à cur. »
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