3 questions à Lemghari Essakl

Directeur général de l’Agence d’aménagement de la vallée du Bouregreg

Publié le 25 juin 2007 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Depuis 1954, la vallée du Bouregreg a connu de multiples projets d’aménagement, mais aucun n’a abouti. Pourquoi celui proposé en 2001 est-il en passe de voir le jour ?
Lemghari Essakl : Cette fois, le projet d’aménagement de la vallée du Bouregreg s’intègre dans la politique de développement du royaume. Il s’agit de créer une zone de prospérité à la confluence de Rabat et de Salé dont l’activité débordera sur l’ensemble des deux cités. J’ajouterai que, selon certains experts, il est heureux que nous n’ayons pas touché plus tôt à la vallée. En définitive, les reports successifs des différents projets d’aménagement nous ont permis de bénéficier des expériences des autres. Ainsi, en juillet 2002, nous avons rassemblé divers experts, notamment ceux qui ont la charge du projet Euroméditerranée de Marseille, mais aussi celui du réaménagement des docks de Londres, du quartier de la Défense, à Paris, ou encore le projet Solidere de Beyrouth. Confronter chacun de ces modèles nous a permis d’en voir les limites et de ne pas en reproduire les erreurs.
Pourquoi avoir choisi le système d’agence pour mettre la vallée du Bouregreg en valeur ?
Nous avons dû réfléchir à une nouvelle forme de gouvernance, parce que nous étions, d’un point de vue administratif, sur un site complexe. Sa gestion dépendait alors de six arrondissements et de deux mairies. Cette situation nous a fait dire que si nous n’arrivions pas à mettre tout le monde d’accord, l’opération pourrait ne jamais voir le jour. Nous avons donc cherché à créer une structure unique dotée de prérogatives particulières.
La création d’un luxueux quartier au cur de l’agglomération ne risque-t-elle pas de faire naître une nouvelle fracture sociale ?
Le projet n’a suscité, jusqu’à présent, aucun problème. Même quand le droit nous donnait la possibilité d’exproprier des familles, nous avons toujours refusé les expulsions et cherché des terrains d’entente avec les populations. En outre, une disposition du texte de loi qui a créé l’Agence a gelé toute opération immobilière dans la zone en cours d’aménagement, afin d’éviter la spéculation foncière. Ainsi, nous avons fait en sorte que le citoyen qui a toujours vécu ici profite, en priorité, de la plus-value apportée au site. Des terrains qui valaient 300 000 dirhams il y a un an et demi en valent aujourd’hui trois fois plus. La vallée étant un site méritant une grande attention architecturale, nous avons privilégié un plan urbanistique haut de gamme. Mais le projet est porteur d’une relance de l’économie qui profitera à l’ensemble de la population.

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