Burkina : Christophe Dabiré dévoile ses priorités devant les parlementaires
Un mois après sa nomination, le premier ministre burkinabè, Christophe Dabiré, a obtenu la confiance du Parlement après avoir livré sa déclaration de politique générale devant les députés. Ses priorités ? Sécurité, cohésion sociale et dynamisation de l’économie.
Dans sa « Déclaration », le Premier ministre a expliqué les grandes orientations de sa politique, qu’il a placé dans la droite ligne de celle de son prédécesseur, Paul Kaba Thieba, dont il a salué le bilan économique.
« L’économie a été replacée sur un sentier de croissance soutenue durant les trois dernières années, avec un taux de croissance annuel moyen du PIB réel d’environ 6% », a insisté Christophe Dabiré. Cependant, « en dépit des nombreux acquis dans la mise en œuvre du Programme de société du président du Faso, des défis multiples alimentent les craintes et provoquent les mécontentements de certains de nos compatriotes, au point de compromettre la paix et la cohésion sociale », a-t-il reconnu.
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Surtout, pour Christophe Dabiré, « les Burkinabè demeurent inquiets et insatisfaits de leur vécu quotidien pour des raisons qui tiennent principalement à la dégradation de la sécurité intérieure, à l’effritement de la cohésion sociale, à une gouvernance jugée défaillante et enfin à la portée limitée des effets et impacts de nos politiques publiques. »
La sécurité, chantier prioritaire
Pour répondre à ce constat de défiance, Christophe Dabiré, nommé fin janvier à la surprise générale pour prendre les rênes de l’exécutif, a dresser l’ordre des ses priorités, détaillant sa feuille de route sur la sécurité, la cohésion sociale, la gouvernance, le renforcement du « capital humain » et sa « volonté de dynamiser l’économie nationale ».
Premier chantier que le nouveau Premier ministre s’est fixé : la sécurité. Alors que le pays, confronté au péril jihadiste et aux conflits intercommunautaires, s’enfonce dans une spirale inquiétante, avec des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières ayant fait au moins 300 victimes au cours de l’année 2018, Christophe Dabiré a appelé ses compatriotes à « l’union sacrée ». « Comme l’affirmait feu le président Thomas Sankara, notre peuple unis et mobilisé constitue une force inébranlable, une puissance capable de prendre en main son propre destin. Dans ce sens, je voudrais insister sur notre devoir de nous mobiliser comme un seul homme pour repousser l’ennemi commun », a-t-il lancé devant l’hémicycle.
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Le chef de l’exécutif a promis d’accélérer la mise en oeuvre la loi de programmation militaire quinquennal 2019-2023, dotée d’une enveloppe de quelques 700 milliards de FCFA, censée aboutir, notamment, à la réforme des armées et au renforcement des moyens logistiques et matériels des forces de défense et de sécurité. Il a également insisté sur la nécessité à « améliorer le maillage du territoire en services de sécurité opérationnels. »
« Des mesures vigoureuses de dynamisation de l’activité économique »
Tout en affirmant vouloir inscrire son action dans le cadre de la réduction du train de vie de l’État, et insistant dans le même temps sur « les efforts déjà entrepris pour maîtriser l’inflation », le Premier ministre a promis d’« entreprendre des mesures vigoureuses de dynamisation de l’activité économique ».
Il entend s’appuyer pour ce faire sur la mobilisation des recettes publiques et la maîtrise des dépenses publiques, dans un contexte où la masse salariale, estimée en 2019 à 834 milliards de FCFA, continue d’augmenter.
Christophe Dairé s’est par ailleurs engagé à renouer le dialogue avec les syndicats, faisant écho à l’appel du président Roch Marc Christian Kaboré, qui a appelé, lors de son discours du 31 décembre dernier, à l’instauration d’une « trêve sociale ». Un appel tout particulièrement adressé aux quelques 190 000 agents de l’État.
Préparé dans un contexte de fortes contraintes budgétaires, le budget 2019 du Burkina Faso, présenté ce 18 décembre au Parlement, s’élève à 2 213,318 milliards de F CFA (3,37 milliards d’euros) en dépenses, contre quelque 2191,937 milliards engagés en 2018. Un budget qui est pour une large part consacré aux dépenses courantes (1 580,175 milliards de F CFA).
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« Au regard de l’introduction de lois de finances rectificatives en 2017 et en 2018, qui ont abouti à une réduction importante des prévisions de recettes et de dépenses, le gouvernement a estimé utile de revoir le projet de loi de finances déposé fin septembre 2018, qui tablait sur 2 503, 59 milliards de F CFA. Cette révision qui consacre une baisse des recettes propres et des dépenses d’investissement ne remet nullement en cause les ambitions initiales du gouvernement en matière de gestion budgétaire », avait alors déclaré la ministre de l’Économie devant le Parlement.
L’exécutif burkinabè explique ce tour de vis par l’explosion de la masse salariale la fonction publique, passée de 334, 36 milliards de F CFA en 2013 à plus de 700 milliards cette année, pour 195 000 agents environ. Elle se situera en 2019 à 835 milliards de F CFA, ce qui représente plus de 49,2 % des recettes propres de l’État et jusqu’à 55 % des recettes fiscales. Des chantiers d’envergure comme la construction de l’autoroute Abidjan-Ouaga, le chemin de fer Ouaga-Accra figure dans l’agenda gouvernemental.
Pris d’émotions, sous un tonnerre d’applaudissements des députés visiblement acquis à son discours que la plupart des analystes ont qualifiés de « pondéré « , le Premier ministre a fondu en larmes à l’issue de son discours. Alors qu’il insistait pour clore son propos, le président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, est venu à sa rescousse : « Nous avons le document », a-t-il lancé.
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