[Chronique] Franc CFA : Marine Le Pen a-t-elle singé Luigi Di Maio ?

Dans le débat sur la légitimité de l’actuelle monnaie commune à plusieurs pays d’Afrique francophone, la patronne du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, embouche la trompette du vice-Premier ministre italien, Luigi Di Maio. Elle revendique tout de même une position originelle et originale…

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Publié le 19 février 2019 Lecture : 2 minutes.

Singulière perméabilité, ces dernières semaines, entre les politiques françaises, italiennes et africaines : en octobre dernier, Marine Le Pen s’affichait avec un vice-président du Conseil des ministres italien, Matteo Salvini, tandis qu’en février, l’autre vice-président du Conseil des ministres italien, Luigi Di Maio, rencontrait des responsables des « gilets jaunes ». Et c’est sur une question africaine que se rejoignent singulièrement les représentants de cette sorte d’internationale nationaliste…

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Mi-janvier, Di Maio affirmait que la France appauvrissait ses anciennes colonies africaines par le biais du « franc des colonies » qui financerait « la dette publique française ». Il y a quelques jours, des journalistes de la radio publique France Inter demandaient à la présidente française du Rassemblement national (RN) si elle donnait raison au dirigeant du Mouvement 5 étoiles. L’orgueil nationaliste de Marine Le Pen l’obligea à biaiser, en affirmant que cela faisait longtemps qu’elle avait « soulevé le problème du franc CFA ».

J’ai été une des premières à condamner de la manière la plus virulente la Françafrique

Le Pen, précurseur de la fronde anti-CFA ?

Et l’avocate à la carrière microscopique de se faire, justement, l’avocate du continent africain : « J’ai été une des premières à condamner de la manière la plus virulente la Françafrique (…) J’ai discuté avec des Africains des jeunes générations qui expriment la difficulté de leur économie avec le franc CFA ». Il est aisé d’imaginer les jeunes Africains qui échangent avec Marine Le Pen. Et il indubitable qu’une fronde anti-CFA existe sur le continent, comme en témoignent les « États généraux du F CFA » organisés, les 16 et 17 février à Bamako, par le Forum pour un autre Mali.

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Après avoir revendiqué une sorte de « maternité » des positions prises par Luigi Di Maio, sur le franc d’Afrique, Marine Le Pen a tenu à exprimer une nuance sur l’issue de la démonstration italienne. Pour le ministre transalpin, le CFA serait un fléau colonial qui expliquerait une vague migratoire insupportable. Sur ce point, Marine Le Pen indique qu’elle n’en est « pas tout à faire sûre ».

Marine Le Pen propose une version franco-fière d’une position italo-moqueuse

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Sur la même ligne que Di Maio ?

En réalité, sa position nationaliste l’empêche d’acquiescer à une analyse étrangère qui incrimine la France. C’est pourquoi elle précise que « certains dirigeants français » ne sont pas « la France » et que d’ailleurs, le régime actuel de son pays devrait traiter les problèmes de telle manière que ses « voisins ne parlent » pas à sa « place ».

Sur le fond, la responsable du Rassemblement national n’est-elle pas sur la même ligne que Di Maio ? Elle évoque une nécessaire « politique de co-développement avec l’Afrique pour fixer sur place les populations ». Version franco-fière d’une position italo-moqueuse. Vu de l’Afrique, la nuance est ténue…

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