Côte d’Ivoire : un leader syndical de l’enseignement supérieur écroué pour « troubles »

Son arrestation lundi 18 février est survenue alors que la grève des professeurs à l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, la principale du pays, est entrée dans sa cinquième semaine.

Sur le campus universitaire Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, en mars 2016. © Jacques Torregano pour JA

Sur le campus universitaire Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, en mars 2016. © Jacques Torregano pour JA

Publié le 19 février 2019 Lecture : 2 minutes.

La justice ivoirienne a inculpé et écroué mardi 19 février à Abidjan le dirigeant du premier syndicat des professeurs d’universités publiques de Côte d’Ivoire, Johnson Zamina Kouassi. Parmi les motifs : « troubles à l’ordre public », a-t-on appris de source syndicale.

« Le camarade Johnson Zamina Kouassi, secrétaire général et porte-parole de la Coordination nationale des enseignants-chercheurs (Cnec), a été déféré à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) pour troubles à l’ordre public et politique, séquestration, flagrant délit, injures », a expliqué Théodore Gnagna Zadi, président de la plateforme qui regroupe une cinquantaine de syndicats de fonctionnaires.

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La trêve sociale encore fragilisée

« Nous allons nous mobiliser pour faire face à cette situation qui bafoue les libertés syndicales », a-t-il ajouté. Théodore Gnagna Zadi avait annoncé auparavant l’arrestation du syndicaliste lundi, menaçant de rompre la fragile « trêve sociale » et dénonçant une « violation des libertés syndicales en Côte d’Ivoire ».

Pour Théodore Gnagna Zadi, meneur d’une importante grève de la fonction publique en 2017, « cette arrestation abusive suspend une trêve sociale » signée en août 2017 entre le gouvernement et les syndicats moyennant le paiement, sur plusieurs années, d’arriérés de salaires pour environ 130 000 fonctionnaires, soit 70% des effectifs de la fonction publique. Malgré cette trêve, de nombreux mouvements sociaux touchent le secteur public, dont l’enseignement.

Menace de « un an de grève »

La grève des professeurs de l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, la principale du pays, est entrée lundi dans sa cinquième semaine. Au-delà des revendications sociales, le mouvement s’est durci après l’arrestation de deux enseignants et l’exclusion, par le conseil de discipline de l’université, de quatre autres, dont le responsable de la Cnec, pour des « violences » perpétrées à la présidence de l’université. Sept autres professeurs ont été suspendus pour « six à douze mois ».

« C’est du jamais vu dans le monde universitaire en Côte d’Ivoire », avait dénoncé lundi Johnson Zamina Kouassi, avertissant qu’une « telle mesure va exacerber la grève. Nous allons durcir le mouvement ». La Cnec a annoncé, il y a plus d’une semaine, « un an de grève » à l’université d’Abidjan, pour exiger l’annulation des sanctions disciplinaires. Ces mouvements sociaux, qui touchent également les enseignants des écoles primaires et secondaires, paralysent tout le système éducatif du pays.

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