Maroc : les enseignants contractuels bloquent les artères de Rabat, plusieurs blessés
Le débrayage initié par la Coordination nationale des enseignants contractuels a tourné à l’affrontent avec les forces de l’ordre, ce mercredi 20 février. Un prélude aux marches annoncées le 24 février dans différentes villes du royaume.
« Gouvernement mafieux » ; « Révolu le temps de la servilité, c’est l’ère du boycott » ; « liberté pour les détenus politiques » ; « Justice, dignité et équité sociale »… les slogans et pancartes soulevés par les enseignants contractuels du secteur public, en grève ce 20 février, avaient plus une connotation politique que de simples revendications sectorielles.
C’est que cette action de contestation, initialement organisée par la « Coordination nationale des enseignants contractuels », a pris de l’ampleur. Des milliers d’enseignants ce sont joints à cette marche, au point que le flux humain a bloqué la circulation au niveau du pont Hassan II qui relie Rabat à Salé – et ce avant même le démarrage effectif du sit-in.
« Au fil des heures, les manifestants ont décidé de se diriger vers la présidence du gouvernement, obligeant les forces de l’ordre à intervenir. Ils ont même eu recours à des canons à eau pour disperser le cortège », relate un des participants. « Plusieurs personnes ont été légèrement blessées », a constaté une équipe de l’AFP.
20 février, date symbolique
À l’origine de ce débrayage, la colère des nouvelles recrues du département de l’Éducation nationale qui ne disposent plus du statut de fonctionnaire, mais de celui de contractuel. Selon le groupe créé par ces enseignants, la tension est montée d’un cran quand les Académies régionales de l’enseignement ont diffusé un contrat annexe qui vient compléter un contrat initial déjà contesté.
« Il y a une sorte de confusion et d’improvisation qui démontre que le ministère de tutelle ne dispose pas de solution concernant notre situation. C’est pourquoi nous pensons que le temps des demi-solutions est bel et bien révolu », ont indiqué les membres de cette coordination.
Même le syndicat du mouvement islamique Al Adl Wal Ihsan s’est joint à la mobilisation annoncée par trois centrales importantes
Le timing symbolique de ce mouvement social, organisé le jour du huitième anniversaire de la première grande manifestation de l’année 2011, dans le sillage du printemps arabe, a poussé différentes centrales syndicales à se joindre au mouvement. Cette dernière semaine, trois syndicats représentatifs ont appelé, tour à tour, à une grève générale dans les administrations publiques et les collectivités territoriales.
Même le syndicat du mouvement islamiste Al Adl Wal Ihsane – interdit mais toléré – s’est joint à la mobilisation annoncée par la Confédération démocratique du travail (CDT), la Fédération démocratique du travail (FDT) ainsi que l’Organisation démocratique du travail (ODT). Ces différentes forces appellent à une reprise du dialogue social, au point mort depuis plusieurs années. La Jamaâ a également annoncé sa participation aux marches de contestation prévues dans différentes villes du royaume dimanche prochain. Une journée qui s’annonce déjà chaude.
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