Tunisie : les contours de Tahya Tounes se précisent
Face à la presse ce jeudi 21 février, Selim Azzabi, coordinateur général de Tahya Tounes, a répondu aux questions des journalistes concernant l’organisation et le positionnement politique de cette nouvelle formation qui ambitionne, à neuf mois des élections, d’insuffler une nouvelle dynamique au paysage politique tunisien.
La première conférence de presse tenue par Tahya Tounes semblait partir sur une erreur. Une coquille dans l’invitation adressée aux médias faisait de Tahya Tounes (« Vive la Tunisie ») Tayha Tounes (« La Tunisie tombe », en arabe). Mais la nouvelle formation n’a pas trébuché, puisqu’elle a passé son premier grand oral avec aisance – en présence de figures politiques, dont l’ancien ministre Mehdi Ben Gharbia.
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Le parti, en cours de constitution et qui soutient le chef du gouvernement Youssef Chahed, s’est placé dans les starting-blocks électoraux en présentant sa feuille de route jusqu’au 21 avril, date à laquelle il sera effectivement lancé en tenant son congrès électif – les statuts ont été officiellement déposés mercredi 20 février. D’ici-là, le mouvement, qui se positionne comme rassembleur et ouvert, compte organiser des consultations avec ses bases en région pour faire remonter jusqu’aux instances dirigeantes toutes les opinions, avis et suggestions.
33 bureaux régionaux et 370 locaux
Une manière de rassembler et de construire la colonne vertébrale d’une formation qui veut avoir son rôle à jouer lors du scrutin législatif d’octobre, puis pourquoi pas de l’élection présidentielle organisée le mois suivant. Selim Azzabi s’est cependant montré prudent : « procédons à la constitution du parti et préparons notre congrès de manière démocratique, le reste viendra après », a-t-il déclaré, précisant que Tahya Tounes ne dispose pas encore de fonds propres et qu’il est pour l’instant financé directement par ses militants.
Les préparatifs de la grand-messe d’avril ont été confiés à deux figures indépendantes : le juriste Chawki Gueddas et l’ancienne membre de l’Isie Najla Brahem
La campagne en prévision du congrès constitutif est d’ores et déjà ouverte. Chacun peut adhérer au parti – notamment en ligne – et désigner, parmi les trois listes proposées par le conseil national de Tahya Tounes, celle de son choix au niveau local, régional et national. Le dépouillement désignera, parmi les têtes de listes, le Secrétaire national. Les préparatifs pour la grand-messe d’avril ont été confiés à deux figures indépendantes : le juriste Chawki Gueddas conduira l’organisation du congrès, tandis que l’ex-membre de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) Najla Brahem présidera le comité d’experts chargé de valider les scrutins internes.
La formation compte se doter de 370 bureaux locaux où siégeront 15 adhérents élus, ainsi que 33 bureaux régionaux composés chacun de 13 membres. Une représentation qui couvrira toutes les circonscriptions.
« Un parti d’institutions, pas celui d’un leader »
Sur le plan politique, Tahya Tounes se veut fédérateur. Un rapprochement avec les partis Machrou Tounes, Al-Moubadara et Al Badil permettra au mouvement d’avoir des assises plus importantes, tout en se positionnant comme centriste. Selim Azzabi n’exclut pas non plus d’intégrer des membres de la famille destourienne, et se dit prêt à toutes les discussions.
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« Nous sommes un parti d’institutions, et non le parti d’un leader », a assuré le coordinateur général, tenant à souligner que si Tahya Tounes soutient le gouvernement, l’actuel chef de l’exécutif Youssef Chahed, « accaparé par sa mission », n’est pas partie prenante de la formation. Il n’y a pas d’interférences entre la Kasbah et le parti, a-t-il affirmé – tout en estimant que les ministres peuvent très bien avoir des activités partisanes.
Le coordinateur s’est également exprimé sur les rapports de la nouvelle formation avec Ennahdha. Une question qui taraude les Tunisiens depuis l’alliance des islamistes avec Nidaa Tounes, à l’issue du scrutin de 2014. Les deux formations, selon Azzabi, se rejoignent sur la nécessité d’une stabilité gouvernementale et la préservation du processus et des acquis démocratiques de la Tunisie. Mais l’ancien directeur de cabinet du président de la République refuse d’anticiper et d’envisager des scénarios post-électoraux. « Parler d’alliances est prématuré. C’est le scrutin qui décidera », a-t-il conclu.
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