BTP, textile et multimédia

La capitale mise de plus en plus sur les hautes technologies pour accroître ses activités à forte valeur ajoutée.

Publié le 25 juin 2007 Lecture : 4 minutes.

Il n’y a pas que dans le domaine architectural que Rabat veut se livrer à un grand ravalement. En matière économique aussi, la cité royale aspire à jouer un nouveau rôle, plus dynamique et plus valorisant. Halte à la gestion, place à l’innovation : tel est, en quelque sorte, le nouveau slogan.
Jusqu’à présent dominée par l’emploi administratif, la capitale veut diversifier son secteur tertiaire en s’affirmant comme une place commerciale à part entière, une destination touristique plus importante (voir encadré) et, surtout, une plate-forme dédiée aux technologies de l’information et de la communication (TIC).
Comme Casablanca, la ville veut attirer les laboratoires de recherche et développement (R&D), les sociétés spécialisées dans la mise au point de logiciels, la monétique ou le multimédia, et les départements délocalisés d’assistance, de conseil et de traitement de données des grandes entreprises européennes. À l’instar de sa voisine méridionale d’ailleurs, la capitale bénéficiera à partir du mois de mai 2008 d’une zone dédiée à ces activités, avec l’ouverture du Technopolis de Rabat-Salé. À la fois incubateur d’entreprises, plate-forme de services équipée de moyens modernes de communication et parc technologique, il s’étendra sur 300 hectares. Les sociétés qui viendront s’y implanter bénéficieront d’incitations fiscales et d’avantages matériels (restaurants d’entreprise, guichets bancaires et postaux, transports, etc.) pour tirer la filière des TIC vers le haut. En attendant, quelques succès prometteurs ont déjà été enregistrés, avec la multiplication par quatre du nombre de call-centers en sept ans, l’arrivée d’une filiale de Texas Instrument et, surtout, l’installation, en 2005, d’un centre de design-R&D du groupe franco-italien STMicroelectronics, qui emploiera prochainement 500 ingénieurs. « Cette mutation devrait permettre de conserver les diplômés en informatique qui, auparavant, partaient à l’étranger, notamment en France, aux États-Unis et au Canada », se félicite Nabil Kharroubi, le directeur du Centre régional d’investissement (CRI).

Pour réussir, cette stratégie de diversification vers la high-tech entend s’appuyer sur la part importante de main-d’uvre issue de la haute fonction publique et du secteur médical, très développés dans la capitale, ainsi que sur le réservoir de compétences que représentent les deux universités et la vingtaine d’écoles publiques d’ingénieurs qui y sont implantées. « La réforme de l’enseignement survenue en 2002 a permis de créer des cursus spécialisés », poursuit Kharroubi. Considérée comme le premier centre universitaire du royaume, la cité royale abrite, selon son maire Omar el-Bahraoui, environ 60 000 étudiants.
Sur le plan industriel également, Rabat veut se réorienter vers les activités à forte valeur ajoutée. Sans renier totalement le textile et l’agroalimentaire, sur lesquels la ville a construit son industrie, le secteur secondaire r’bati prend le virage de la haute technicité. Labinal vient de choisir la préfecture de Skhirat-Temara pour implanter ses structures spécialisées dans le câblage aéronautique pour Airbus. Les sociétés italienne Legler et américaine Fruit of the Loom sont, elles, en train d’y faire construire deux usines intégrées d’habillement. Elles y produiront des jeans pour la première, des vêtements sportswear pour la seconde. Au total, 2 300 personnes y travailleront. « La délocalisation au Maroc des trois usines irlandaises de Fruit of the Loom est un succès, car le royaume était en concurrence avec la Chine, le Pakistan et la Turquie », s’enthousiasme Kharroubi.
Autre piste de croissance, celle qui consiste à accroître le nombre des visiteurs : « Nous voulons passer d’un tourisme d’amoureux à un tourisme familial », explique Amal Karioun, vice-président du conseil régional du tourisme (CRT) de la wilaya de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer. Avec environ 600 000 nuitées enregistrées chaque année, la capitale marocaine n’arrive qu’en cinquième position du classement des villes les plus visitées du royaume, loin derrière Marrakech (5,6 millions en 2006). Et, avec un taux de remplissage de 56 %, Rabat ne parvient même pas à faire le plein des hôtels, villas ou appartements proposés à la location. En cause : l’image de la ville, qui enferme Rabat dans un tourisme culturel peu valorisé sur les marchés européens. Pour Amal Karioun, l’enjeu consiste avant tout à accroître la durée des séjours dans la cité royale à trois nuitées minimum, contre moins de deux en moyenne actuellement. Sa stratégie ? Attirer les familles en leur proposant un tourisme balnéaire agrémenté d’activités culturelles et sportives. « Qui sait, par exemple, que Rabat abrite la seule patinoire du Maroc, qu’elle est la seule ville du royaume où les adeptes du parapente peuvent décoller 365 jours par an ou qu’elle compte plus de 140 monuments historiques classés ? » énumère-t-il. L’artisanat compte bien sur une hausse de la fréquentation pour relancer les ventes des tapis, mosaïques et uvres en bois incrustés typiquement r’batis. La création d’un label « Rue des Consuls » – du nom de l’artère de la Médina où l’on trouve une forte concentration d’artisans – est à l’étude pour certifier l’authenticité des produits.

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Le BTP, lui, profite d’une bonne conjoncture, grâce aux deux grands projets d’aménagement de la vallée du Bouregreg et de la corniche de Rabat. Dans ces secteurs, le problème le plus délicat qui se pose concerne les zones d’implantation des structures de production, faute de disponibilité foncière. L’ouverture d’un parc industriel est prévue à Aïn Johra pour le résoudre en partie. Sur une surface de 200 ha extensible à 400, il pourra accueillir jusqu’à 72 000 emplois.
L’agriculture en revanche est menacée par l’extension urbaine en périphérie de l’agglomération. Quasi inexistantes dans la préfecture de Rabat, les superficies cultivables se réduisent fortement dans celle de Salé, où les nombreux vergers sont progressivement remplacés par des immeubles, au fur et à mesure que la ville s’agrandit, notamment en direction du nord, sur l’axe routier qui mène à Tanger via Kénitra.

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