Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 25 avril 2005 Lecture : 7 minutes.

Pour l’unité des Comores
Avec l’établissement des relations diplomatiques entre les Comores et la France, on peut espérer une trêve dans la saga des coups d’État qui ont déstabilisé sans cesse ce jeune État. Que mes frères comoriens fassent preuve de patience. Nous savons tous que la pauvreté a été fabriquée par ceux qui se sont succédé au pouvoir, à l’exception de feu le président Ali Soilihi. Tout est à faire : électricité, eau, routes, santé, éducation, agriculture, emploi. Il faut faire preuve de réalisme et essayer de respecter la Constitution, garante de la paix et du développement.

Pourquoi diaboliser Benoît XVI ?
Sitôt élu, sitôt diabolisé. Le cardinal allemand Josef Ratzinger, devenu le pape Benoît XVI, a vu immédiatement son passé, pourtant avoué, s’étaler dans la presse. Recrue obligée des Jeunesses hitlériennes en 1941, déserteur de la Wehrmacht à la fin de la guerre, on ne cherche pas à comprendre, on condamne. Halte à l’antigermanisme primaire. Les temps changent, les hommes aussi. Habemus papam.

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Un rapport sujet à caution
À la suite de votre article sur le rapport annuel du département d’État américain (voir J.A.I. n° 2307), je voudrais ajouter que, selon moi, la politique étrangère des États-Unis repose non pas sur la promotion des droits de l’homme et de la démocratie, comme ils le prétendent, mais plutôt sur le respect des intérêts américains. Dès lors, les bons élèves sont ceux qui satisfont ces intérêts et obéissent au gendarme du monde qu’ils s’emploient à devenir. Cette notion des droits de l’homme engendre le terrorisme. Cela dit sans récuser la part de vérité contenue dans le rapport.

Réconcilier les frères ennemis
À la suite de votre article intitulé « La déchirure » (voir J.A.I. n° 2308), je me permets de souligner que le Maroc n’est pas l’Algérie, une société traumatisée dont l’identité est en miettes. Les Marocains ne font pas le baisemain par faiblesse morale, mais par politesse exquise, à l’instar du geste consistant à embrasser par respect la main de ses parents ou de personnes honorables, voire pour saluer une dame. Je ne pense pas que ce soit ridicule ou dégradant. Que dites-vous des courbettes des Japonais, bien plus en avance, en tous domaines, que les Algériens ?
Depuis 1975, date de la Marche verte sur le Sahara, le Maroc et l’Algérie ont des relations houleuses, qui font alterner complaisance et embarras. Il est grand temps que l’Histoire, qui apaise les esprits, permette de tourner la page et réconcilie les frères ennemis.

J.A.I. et le monde arabe
Nouvelle lectrice, j’ai été agréablement surprise par la clarté de vos articles, la diversité des sujets et, surtout, l’esprit critique dont vous faites preuve concernant, par exemple, la politique américaine ou l’organisation de la Ligue arabe. Il ressort de votre hebdomadaire une image du monde arabe qui va à l’encontre des amalgames de notre temps.

Réponse : Vos observations et reproches me paraissent raisonnables et justifiés. Je m’efforcerai d’obtenir que la rédaction en tienne le plus grand compte.
« Vous n’êtes pas assez critiques »
J’ai dévoré votre dernier « Plus » sur la Tunisie (J.A.I. n° 2305, du 13 au 19 mars), mais je dois vous avouer que je suis un peu déçu. Ce dossier est riche d’informations, certes justes et crédibles, mais sans regard critique. Depuis quelque temps, les reportages sur notre pays sont de plus en plus rares dans votre magazine. Ce qui est légitime, puisque vous voulez lui donner une dimension plus internationale. C’est pourquoi je regrette que vous n’ayez pas saisi l’occasion d’un tel dossier pour émettre quelques remarques critiques. Notre pays risque de s’endormir sur ses lauriers, et il faut le secouer de temps à autre pour le pousser à faire mieux. Je ne suis ni opposant ni militant, mais un Tunisien qui aimerait que son pays progresse encore plus.
Karim Souissi, Paris, France
Béchir Ben Yahmed

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Vu d’Algérie
Votre article « Algérie-Maroc, la déchirure » (voir J.A.I. n° 2308) est fort intéressant. En tant qu’Algérien, j’aime beaucoup le Maroc et les Marocains. Normal, je suis d’abord arabe et maghrébin. Je n’ai jamais tenu compte du différend (anormal) entre les deux gouvernements au sujet du Sahara occidental.
Personnellement, je suis allé plusieurs fois au Maroc. J’ai sillonné tout le pays. Je considère intérieurement que nous sommes un seul et même peuple et que les comportements négatifs des gouvernants ne peuvent agir sur la population.
Malheureusement, les généraux ont fait reculer l’Algérie de quarante ans en matière de respect des droits de l’homme et, surtout, d’éducation. Une génération entière se trouve maintenant sans avenir. Avec Mohammed VI et Abdelaziz Bouteflika, nous avons peut-être une chance de « sauver » nos pays et nos peuples au moyen de l’instauration réelle de la démocratie. L’utilisation optimale de l’éducation nationale, la séparation du politique et du religieux, la lutte impitoyable contre la corruption, une justice indépendante sont les outils pour y parvenir.En outre, je pense, comme beaucoup de gens, que le roi Hassan II n’était pas pour la démocratie et la mise en place concrète d’un grand marché commun au Maghreb, ni pour un règlement politique du différend avec l’Algérie. Agissons maintenant comme l’Union européenne, unissons-nous, pendant qu’il en est encore temps.

Apprendre à être responsable
Les pays d’Afrique cherchent toujours des modèles à l’étranger, sans tenter de réfléchir eux-mêmes à leurs propres difficultés. On ne cherche pas de solution au problème des ordures ménagères, on ne fait pas de réformes économiques, on regarde les corps habillés se vautrer dans la corruption, on ne lutte pas contre le chômage. On critique les Européens qui jettent leurs surplus de tomates ou de pommes de terre sans se poser la question de savoir comment faire pour produire autant qu’eux. On agit comme si les pays développés étaient nos géniteurs et l’on se plaint lorsqu’ils s’intéressent à d’autres parties du monde, comme à l’Asie après le tsunami.
Nous sommes des êtres humains, au même titre que les Allemands ou les Français. S’il est normal qu’on ne soit pas en mesure de construire un avion, il n’est pas normal qu’on ne puisse pas ramasser les ordures en Afrique. Prenons le temps d’identifier nos problèmes et d’y apporter nos propres solutions, sans complexe, simplement pour améliorer nos conditions de vie.

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Savoir demander pardon
Nous, Africains du continent, devrions demander pardon aux autres Noirs, ceux qui vivent et ont leurs racines hors d’Afrique. La démarche serait plus aisée si elle venait des politiques, mais aucun président issu des indépendances ne l’a fait. Il est temps de nous réconcilier avec nos frères déportés par la faute de nos ancêtres. Pour avoir l’esprit tranquille, il vous faut extirper les rancoeurs, le ressentiment et la haine.

Le Maroc n’est pas né en 1962 !
Pourquoi affublez-vous les Marocains de tant de défauts ? (voir « La déchirure », J.A.I. n° 2308). Arrêtons d’imposer à tort la fausse supériorité algérienne, notamment économique, sur ses voisins. Le mode de vie, l’habitat et l’histoire de l’Algérie ne permettent pas à ce pays de soutenir la comparaison avec le Maroc, héritier de l’Andalousie prospère. Que connaît l’Algérie au thé, aux tajines, au méchoui ? Où trouve-t-on les luxueuses maisons décorées du haut en bas de moulures et de faïences ? Le Maroc n’est pas né en 1962, il a douze siècles d’histoire derrière lui, il a vu naître et prospérer de grandes dynasties telles les Almoravides, les Almohades et jusqu’aux actuels Alaouites, qui représentent à eux seuls trois siècles. N’oublions pas que l’indépendance de l’Algérie est due en grande partie au dévouement du Maroc, de la Tunisie et de l’Égypte de Nasser. Les Algériens ne peuvent pas non plus récupérer à leur compte les personnalités maghrébines comme le Berbère marocain Tarik Ibn Ziad, conquérant de l’Espagne, Ibn Khaldoun, grand savant et historien de l’islam ou encore le poète sacré marocain El-Boussiri.

Réponse : : Vous avez raison. La règle que nous avons évoquée souffre trop d’exceptions pour qu’elle puisse être considérée comme une règle…
Madagascar et la Réunion
Dans votre « Quiz » du n° 2310, à la question « Pourquoi dit-on Madagascar et Cuba, mais la Guadeloupe et la Réunion ? » Vous donnez comme réponse : « Parce que les grandes îles ne prennent pas d’article. » Donc j’en conclus que l’Australie ou la Grande-Bretagne sont des petites îles, et que Bali, Maurice, Jersey, Sainte-Lucie ou Malte sont des grandes îles. Sur l’article et le genre (en français) des pays ou des noms géographiques, je pense qu’il ne faut pas chercher de règles là où il n’y en a pas : pourquoi « la » Loire, mais « le » Loir ? « La » Tunisie, mais « le » Mali ? Et certains pays ont les deux genres : on lit aussi souvent « le » Centrafrique que « la » Centrafrique.
Louis Gelin, Mohammedia, Maroc

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