Victoire de la société civile

Publié le 25 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

Il aura fallu plus d’un mois de crise sociale et de manifestations, l’arrestation, puis la libération, sous la pression populaire, de cinq leaders de la Coalition contre la vie chère pour aboutir à un accord (voir J.A.I. nos 2308 et 2309). Le 19 avril, en milieu d’après-midi, le « Comité de réflexion » rend sa copie. L’annonce est de taille. La loi de finances rectificative 2005 qui instaurait une TVA de 19 % sur certains produits de première nécessité n’est plus. Le lait et la farine de blé sont finalement exonérés de taxes. Les tranches d’eau et d’électricité non imposables sont relevées de 15 à 50 m3 et de 50 à 150 kWh. « C’est une victoire qui prouve la justesse de notre combat. Le résultat est au-delà de nos espérances, se réjouit Nouhou Arzika, le président de la Coalition. Nous avons seulement lâché sur le sucre, qui reste à 19 %, mais, au final, les autorités ont dû prendre en compte la colère populaire et la détermination de la société civile. »

Pour le Premier ministre Hama Amadou, l’équation était simple : « Il est possible de revenir sur la TVA à 19 % à condition de combler par d’autres mesures le manque à gagner pour les caisses de l’État. » Avec un argument de poids : si le Niger ne dégage pas 7 milliards de F CFA (10 millions d’euros) de recettes fiscales supplémentaires, il perd 65 milliards d’aides promises dans le cadre d’un accord conclu en décembre dernier avec le Fonds monétaire international (FMI).
« Nous avons compris cette réalité », concède Nouhou Arzika. « À quelque chose malheur est bon, et cet épisode a permis de prendre conscience de la faiblesse des finances publiques. Il va falloir à présent prendre le taureau par les cornes », ajoute le ministre chargé des Relations avec les institutions et porte-parole du gouvernement, Mohamed Ben Omar.

la suite après cette publicité

Dans un premier temps, il a donc été décidé d’augmenter le taux d’imposition sur les opérateurs économiques et la taxe foncière. Les recettes attendues sont de 3,2 milliards de F CFA alors que la suppression de la TVA est chiffrée à 3,5 milliards. L’équilibre budgétaire est ainsi sauvegardé.
« Les travaux du Comité de réflexion ont été bénéfiques, conclut le gouvernement. Il n’y a aucune inquiétude, notre dossier sera accepté par le FMI. Les députés vont valider l’accord et, dans la foulée, le ministre de l’Économie et des Finances, Ali Lamine Zeine, se rendra à Washington. » Toujours est-il – et c’est peut-être là l’essentiel – que la société civile nigérienne, représentée par la Coalition contre la vie chère, a obtenu gain de cause.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires