Trois questions à… Nabil Benabdallah

Publié le 25 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

Pour le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, aucune réforme touchant la presse ne sera entreprise sans l’adhésion des professionnels concernés.
Jeune Afrique/l’Intelligent : Le processus de restructuration en cours ne risque-t-il pas d’avoir des conséquences sur la liberté des supports de presse ?
Nabil Benabdallah : Nous essayons, depuis deux ans, d’adopter une méthodologie fondée sur la concertation, de manière à susciter le consensus autour des réformes. Nous avons commencé par l’audiovisuel et, à ce niveau, les principaux textes sont déjà adoptés par le Parlement. Il restait la presse écrite. Ce domaine relève de l’initiative privée. On ne peut donc édicter des règles indépendamment des principaux concernés. Aussi avons-nous entamé un dialogue avec le SNPM [Syndicat national de la presse marocaine], la FME [Fédération marocaine des éditeurs] et la société civile. L’objectif est d’instaurer un climat de partenariat et de concertation, autour de deux axes : réformer la loi d’une part, favoriser la création d’entreprises de presse performantes d’autre part. Sur les principes, nous sommes tous d’accord : davantage de démocratie et de liberté, une meilleure organisation de la profession… Reste à discuter des détails, et c’est notre préoccupation actuelle.
J.A.I. : D’aucuns estiment que la mise en place d’un « conseil de la presse » pourrait se substituer à la justice et s’ériger en autorité de censure.
N.B. : Cette formule existe au Canada, en Grande-Bretagne, dans les pays scandinaves, en Allemagne, en Suisse, en Espagne, et dans d’autres pays nettement plus avancés que nous en matière de construction démocratique. Tous considèrent que l’une des garanties de la liberté de la presse est que les journalistes eux-mêmes sont organisés de manière autonome. Cela se fait dans une logique d’autorégulation, car certaines questions peuvent être réglées sans recours à la loi, qui n’est pas toujours assez détaillée. Dans les pays démocratiques, les institutions de presse vont plus loin en établissant des codes internes.
J.A.I. : Y aura-t-il, à court terme, une réforme du code de la presse ?
N.B. : Nous allons vers la suppression partielle ou totale des peines privatives de liberté. Nous travaillons au quotidien avec les professionnels dans ce sens. Mon objectif est que ces derniers ne sortent pas d’ici en disant : « On n’a pas été consultés. » Je ne veux pas que l’expérience de 2002 se répète, lorsque le code avait été amendé au Parlement sans que la profession ait été consultée.

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