Électricité – Tunisie : le PDG de la STEG assure qu’il n’y aura pas de faillite
Avec la chute du dinar tunisien, la hausse du prix du pétrole et l’accumulation des impayés, la Société tunisienne d’électricité et du gaz est en situation critique. Pour autant, son directeur général Moncef Harrabi, dit avoir un plan de sortie de crise, et dément tout rumeur de faillite.
Alors qu’elle fête son 57ème anniversaire, la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (Steg) affiche une santé financière très fragile. Le 20 février dernier, à l’occasion d’une journée de sensibilisation sur le thème « Sauver la STEG », organisée par la Fédération générale de l’électricité et du gaz à Tunis, le Directeur général de la STEG, Moncef Harrabi a souhaité créer un électrochoc dans l’opinion pour attirer l’attention sur la situation critique de sa société.
L’électricité, facturée en 2018, 4,2 milliards de dinars, ne permet pas de couvrir les dépenses énergétiques de la société évaluées à 4,3 milliards de dinars. En un an, ces dépenses ont bondi de 1,4 milliards de dinars en raison de l’envolée du prix du baril de pétrole (de 54 dollars en 2017 à 70 dollars en 2018).
Sur le marché international de l’énergie, la chute du dinar augmente le prix d’achat du gaz naturel (essentiel à la production de l’électricité). « Un dollar d’augmentation du prix du baril nous coûte 50 millions de dinars supplémentaires et lorsque le dinar perd 100 millimes par rapport au dollar, cela se traduit immédiatement par un coût supplémentaire de 200 millions de dinars », explique le directeur général.
Pour faire face à ses dépenses d’importations de gaz naturel qui proviennent essentiellement du voisin algérien (63%), la STEG a accumulé 1,6 milliards de dinars de dette.
« L’État joue le pourrissement »
« Le gouvernement se contente de nous regarder couler », s’indigne Abdelkader Jelassi, secrétaire général de la fédération de l’électricité et du gaz relevant de l’UGTT. « D’une part, il refuse un ajustement des prix de l’électricité pour permettre à la société de couvrir au moins ses dépenses, d’autre part, il rechigne à libérer les subventions pour la STEG. »
Un ajustement partiel a pourtant été opéré il y a quelques mois, mais il reste totalement insuffisant. « L’électricité reste subventionnée à hauteur de 23% pour les industriels et de 30% pour les particuliers », précise Moncef Harrabi, le PDG de la Steg.
La privatisation, contrairement à ce que les syndicats affirment, n’a jamais été à l’ordre du jour
Selon les syndicats, des solutions existent pour extraire la société de cette crise. « Au lieu de subventionner tous les clients de la STEG, ce qui revient à du saupoudrage, il serait grand temps de focaliser l’effort de l’État sur les catégories sociales les plus démunies », plaide le représentant de l’UGTT.
Malgré les difficultés, le PDG de la STEG se veut rassurant. « Il faut que les choses soient claires : d’abord, la société n’est pas menacée de faillite – la preuve est que nous continuons à investir – ; Et puis, la privatisation, contrairement à ce que les syndicats affirment, n’a jamais été à l’ordre du jour. »
« L’État joue le pourrissement pour pouvoir mieux justifier une éventuelle cession de la STEG », affirme le syndicaliste. « Certains regardent déjà la société avec appétit. Si cela se fait, oubliez la subvention. Nous rentrerons dans une logique de rentabilité et les Tunisiens débrancheront leurs frigos en hiver. »
Un plan pour sortir de la crise
Améliorer la situation de la Steg passe en premier lieu par une réduction des impayés. Sur les 4,2 milliards de dinars facturés en 2018, seuls 3,1 milliards de dinars ont été véritablement collectés.
« Nous avons d’énormes problèmes de liquidité, concède Moncef Harrabi. Les gens ne paient pas leurs facturent et nos agents se font quotidiennement agressés lorsqu’ils tentent de couper l’électricité. »
Dans certaines régions, il n’est pas rare que des particuliers ou des agriculteurs, se branchent à l’insu de la STEG sur le réseau d’électricité. Face à l’amplification de ce phénomène, la direction générale prône la fermeté. « Nous avons fait appel au ministère de l’Intérieur pour que, dorénavant, nos agents soient accompagnés de forces de sécurité pour appliquer les décisions de coupure d’électricité. »
Autre idée proposée au gouvernement par Moncef Harrabi : permettre à la société d’adopter une stratégie de hedging en matière d’achat de gaz. Cette technique consiste à prendre deux positions financières opposées pour annuler ou réduire les risques. L’objectif étant de faire face aux fluctuations de la monnaie nationale. « Nous attendons simplement le feu vert du gouvernement sur ce point. »
Le PDG espère par ailleurs un conseil ministériel, pour approuver une augmentation de capital. Une mesure nécessaire pour permettre à la société d’améliorer ses indicateurs financiers et ainsi s’endetter pour investir.
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