Présidentielle au Sénégal : le point sur les derniers préparatifs avant le scrutin

Retrait des cartes d’électeurs, préparation des bureaux de vote, mais aussi polémique sur le fichier électoral… À 48 heures du premier tour de l’élection présidentielle, ce dimanche, la bonne organisation du scrutin est au centre de toutes les attentions.

Dans un bureau de vote, au Sénégal. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Dans un bureau de vote, au Sénégal. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

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Publié le 22 février 2019 Lecture : 3 minutes.

Dans un bureau de vote à Fatick, lors du premier tour du scrutin pour la présidentielle 2019 au Sénégal. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique
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Présidentielle au Sénégal : un « coup KO » réussi pour Macky Sall

La Commission nationale de recensement des votes a proclamé le jeudi 28 février Macky Sall vainqueur au premier tour de la présidentielle. Le président élu a aussitôt annoncé « tendre la main » à l’opposition, dont ses quatre adversaires avaient renoncé à contester les résultats devant le Conseil constitutionnel.

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Après trois semaines de campagne électorale, place au vote. Ce dimanche 24 février, les Sénégalais sont appelés aux urnes pour renouveler leur confiance à Macky Sall ou le remplacer par un de ses quatre challengers : Idrissa Seck, Ousmane Sonko, Madické Niang et Issa Sall.

Les cinq candidats ont convergé à Dakar, où ils tiendront ce vendredi leurs derniers meetings et activités électorales. La campagne prendra officiellement fin ce vendredi à minuit. En parallèle, l’administration s’active pour boucler les derniers préparatifs avant l’ouverture des bureaux de vote, dimanche à 8h du matin.

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Retrait des cartes d’électeurs

Des enveloppes de bulletins de vote jetées au sol dans un bureau de Dakar, lors du scrutin présidentiel de 2012 au Sénégal. © Archives Jeune Afrique

Des enveloppes de bulletins de vote jetées au sol dans un bureau de Dakar, lors du scrutin présidentiel de 2012 au Sénégal. © Archives Jeune Afrique

Selon un document interne du ministère de l’Intérieur daté du 15 février, il restait 185 403 électeurs sans cartes, soit un taux de distribution de 97,13 %

À 48 heures du premier tour, difficile d’obtenir de la Direction générale des élections (DGE) un chiffre officiel sur le nombre de cartes d’électeurs qui n’ont pas été retirées. Mais selon un document interne du ministère de l’Intérieur daté du 15 février, auquel Jeune Afrique a eu accès, il restait 185 403 électeurs sans cartes, soit un taux de distribution de 97,13 %.

Ce chiffre a probablement évolué depuis une semaine. « Mais beaucoup de gens n’ont toujours pas leurs cartes. Chaque jour, nous recevons des centaines de messages ou d’appels pour nous signaler des problèmes », confie Jaly Badiane, coordinatrice de l’initiative citoyenne Sénégal Vote, qui veille au bon déroulement du processus électoral.

Pour clarifier la situation et répondre aux critiques de l’opposition qui dénonce une volonté de fraudes, l’État a autorisé ceux qui n’avaient pas leurs précieux sésames à se rendre dans les commissariats pour obtenir un duplicata de leurs cartes qui leur permettra de voter dimanche.

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Beaucoup craignent cependant que de nombreux électeurs se découragent face à ces tracasseries administratives et au manque d’information.

>>> À LIRE – Présidentielle au Sénégal : comment Macky Sall s’est placé en maître du jeu

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Polémique sur le fichier électoral

Un bureau de vote à Fatick, au Sénégal, en 2012 . © Gabriela Barnuevo/AP/SIPA

Un bureau de vote à Fatick, au Sénégal, en 2012 . © Gabriela Barnuevo/AP/SIPA

Mettant en doute la transparence du fichier électoral, les candidats d’opposition ont réclamé des explications au ministère de l’Intérieur

Jeudi après-midi, les représentants des quatre candidats d’opposition ont tenu une conférence de presse pour dénoncer les « manipulations douteuses » du fichier électoral. Selon eux, le fichier papier qui leur a été officiellement remis est différent du fichier électronique transmis au Conseil constitutionnel. « Un certain nombre de centres de vote et de bureaux de vote n’existent que sur le fichier électronique », ont-ils dénoncé.

Mettant en doute la transparence du fichier électoral, les candidats d’opposition ont réclamé des explications au ministère de l’Intérieur. Ils ont également annoncé leur intention de déposer plaintes auprès des tribunaux des départements concernés pour ouvrir des enquêtes.

Enfin, ils ont demandé à la Commission électorale nationale autonome (Cena), aux observateurs nationaux et internationaux, et aux différentes juridictions impliquées dans la bonne tenue de l’élection présidentielle de contribuer à faire la lumière sur ces différences présumées entre les deux fichiers.

>>> À LIRE – Présidentielle au Sénégal : pourquoi l’opposition s’inquiète des ingérences de l’exécutif dans le processus électoral

Préparation des bureaux de vote

des électeurs sénégalais dans un bureau de vote,n lors de la présidentielle de 2012 (archives). © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

des électeurs sénégalais dans un bureau de vote,n lors de la présidentielle de 2012 (archives). © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

La carte électorale, qui détermine la répartition des bureaux de vote, a récemment été modifiée

En tout, les 6 683 043 électeurs se rendront dans 15 397 bureaux de vote disséminés à travers le Sénégal et dans plusieurs pays étrangers, principalement en Afrique et en Europe. Le matériel électoral (urnes, bulletins et autres documents électoraux) devait être mis en place ce vendredi.

La carte électorale, qui détermine la répartition des bureaux de vote, a récemment été modifiée. Selon le ministère de l’Intérieur, ce changement, qui concerne un peu plus de 53 000 électeurs, a été motivé par « la nécessité de rapprocher ces personnes de leurs centres de vote ou de changer des lieux de vote devenus moins fonctionnels ».

Malgré les efforts faits pour les informer, notamment à travers l’envoi de SMS par l’administration, certains électeurs concernés découvriront probablement le jour J le changement de leurs bureaux de vote.

De quoi susciter l’ire de l’opposition, qui dénonce une nouvelle manœuvre destinée à favoriser la réélection de Macky Sall. Elle en veut pour preuve le fait qu’environ un tiers des bureaux concernés se trouve dans la zone de Touba, fief du Parti démocratique sénégalais (PDS), le premier parti d’opposition.

>>> À LIRE – Présidentielle au Sénégal : opposition cherche second tour

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