Présidentielle au Nigeria : vers un scrutin serré dans un climat de tensions

Une semaine après le report surprise, les élections présidentielle et législatives doivent se tenir samedi au Nigeria. Un scrutin annoncé comme très serré qui se déroule dans un climat tendu entre le parti du Congrès des progressistes (APC, au pouvoir) et le Parti populaire démocratique (PDP).

Des électeurs nigérians vérifient leur présence sur les listes électorales, le 20 février 2019 à Lagos. © Emma Francis/SIPA

Des électeurs nigérians vérifient leur présence sur les listes électorales, le 20 février 2019 à Lagos. © Emma Francis/SIPA

Fiacre Vidjingninou

Publié le 22 février 2019 Lecture : 3 minutes.

Affiches électorales dans une rue d’Abuja, à la veille de la présidentielle du 16 février 2019. © Ben Curtis/AP/SIPA
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Présidentielle au Nigeria : Buhari réélu, Abubakar rejette les résultats

84 millions d’électeurs, 72 candidats. La présidentielle qui se joue samedi 23 février, après avoir été repoussée le 16 février à quelques heures de l’ouverture des bureaux de vote, est à l’image de ce géant de l’Afrique de l’Ouest : colossale. Face à Atiku Abubakar, son principal challenger, Muhammadu Buhari a été réélu président du Nigeria avec 56 % des suffrages.

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Mahmood Yakubu, le président de la commission électorale indépendante (INEC), s’est montré ferme, jeudi : « Les élections auront bien lieu samedi », a-t-il assuré, sans pourtant convaincre complètement une grande partie des Nigérians, qui continuent de craindre un nouveau report. Le scrutin, initialement prévu samedi 16 février, a été reporté in extremis, officiellement pour des « problèmes logistiques ».

Le président de l’INEC a assuré que vendredi l’intégralité des 421 millions de bulletins de vote seraient effectivement distribués samedi dans les 120 000 bureaux de vote répartis dans les 37 États du Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique – 190 millions d’habitants – qui s’étend sur une superficie de 920 000 km². Plus de 84 millions d’électeurs sont appelés à choisir parmi plus de 23 000 candidats leur président de la République, leurs 360 députés et 109 sénateurs.

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Tensions et invectives

Emma Francis/SIPA

La campagne a pris fin ce jeudi soir. Les deux principaux challengers de la présidentielle – le président Muhammadu Buhari, du Congrès des progressistes (APC), et l’ancien vice-président du pays, Atiku Abubakar, candidat du Parti populaire démocratique (PDP) -, ont adressé leur ultime discours aux électeurs.

Toute la semaine a été marquée par des passes d’armes violentes entre les deux camps, qui s’accusent mutuellement de velléités de fraude. Le président Buhari a déclenché la polémique en appelant l’armée à être « sans pitié » avec les fraudeurs.

Une déclaration condamnée par son adversaire Atiku Aboubakar, qui a rappelé le passé dictatorial de son adversaire, ancien général qui a dirigé d’une main de fer le pays après un coup d’État en 1983. « Le général Buhari n’est pas un démocrate. Il ne croit pas en la démocratie. C’est une façade », a lancé l’homme d’affaires, dont l’enrichissement est souvent l’objet de soupçons de conflits d’intérêts, bien qu’il n’ait jamais été condamné.

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Premier opposant à remporter un scrutin présidentiel face au candidat du pouvoir depuis l’avènement de la démocratie en 1999, le président Buhari avait été élu en 2015 sur les thèmes de la lutte contre la corruption et de l’élimination du groupe djihadiste Boko Haram. Malgré des progrès certains, son bilan reste marqué par la récession économique de 2016, qui a fait flamber le chômage (18%), de la dette publique (21% du PIB) et du déficit (5% du PIB).

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Un «désastre », selon Atiku Aboubakar, qui promet de redresser l’économie du pays, de faire de l’éducation sa « priorité » et d’enrayer les conflits identitaires et inter-religieux qui déchirent le pays.

Vice-présidents technocrates

Tous deux originaires du nord musulman, les deux septuagénaires (Muhammadu Buhari, 76 ans ; et Atiku Aboubakar, 72 ans) ont choisi des vice-présidents plus jeunes, réputés technocrates et tous chrétiens.

Yemi Osinbajo (62 ans), candidat à sa succession pour la vice-présidence aux côté de Buhari, est un Yoruba, juriste de renom qui s’est illustré, ces quatre dernières années, en assumant avec compétence et efficacité, l’intérim de Buhari, hospitalisé à plusieurs reprises à Londres sur une période couvrant environ six mois.

>>> À LIRE – Présidentielle au Nigeria : Muhammadu Buhari et Yemi Osinbajo, le général et le technocrate

Le candidat à la vice-présidence aux côté d’Atiku Aboubakar est un homme d’affaires influent dans le secteur de la banque et des brasseries. Peter Obi (57 ans), ancien gouverneur de l’Etat d’Anambra, appartient à l’ethnie des igbo.

Le Nigeria, premier producteur du pétrole et première puissance économique sur le continent africain, en est à sa septième élection présidentielle depuis le rétablissement de la démocratie. Depuis 1999, très peu de candidats de l’opposition ont réussi à s’imposer face au président sortant, à l’exception de Muhammadu Buhari, qui a tenu ce pari en 2015 en l’emportant contre Goodluck Jonathan.

Pour remporter le scrutin, il faudra réunir non seulement la majorité des voix, mais aussi les 25% des voix dans les deux-tiers des 37 États du pays. Dans le cas contraire, un second tour sera organisé la semaine prochaine. Les résultats du scrutin de ce samedi seront publiés, en principe, 48 heures après le vote, comme ce fut le cas de la présidentielle de 2015.

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