Les Nigérians continuent de se rendre aux urnes malgré des violences électorales
Les bureaux de vote ont ouvert samedi matin pour les scrutins législatifs et présidentiel au Nigeria après le report des élections la semaine dernière. Un regroupement de la société civile a déjà recensé 16 morts dans des violences électorales.
La commission électorale indépendante (INEC) a reconnu que le matériel n’était pas totalement prêt sur Lagos ou Port Harcourt. À deux jours du scrutin, seuls 19 des 36 États ainsi que la capitale fédérale Abuja avaient reçu le matériel électoral. Un défi logistique énorme pour le géant de l’Afrique de l’ouest et le pays le plus peuplé du continent.
Un mort et 20 blessés à Maiduguri
Si aucun incident n’a été noté dans les quartiers sillonnés de Lagos, ce n’est pas le cas dans d’autres villes du pays. À Maiduguri, dans le nord-est, une douzaine de tirs de roquette ont été entendus peu avant l’ouverture des bureaux de vote, faisant un mort et 20 blessés parmi les soldats nigérians chargés de contenir les assauts de la secte terroriste Boko Haram.
À Port Harcourt, des explosions de dynamite ont eu lieu dans plusieurs quartiers où cependant les électeurs sont sortis massivement. « Ici, nous sommes habitués à ces explosions en période électorale, c’est pour nous effrayer. Il n’y a rien de grave », estime Umo, un jeune du Agege en route pour aller voter.
Situation Room, un groupement de la société civile, assure la surveillance du scrutin et a déclaré pour sa part avoir recensé 16 morts dans des violences électorales.
Selon l’Agence France presse (AFP), Situation Room rapporte également des incidents à Lagos, où les électeurs auraient été empêchés de voter dans certains bureaux et où des voyous ont mis le feu aux bulletins de vote et aux urnes.
Dans l’Etat de Rivers (sud-est), réputé pour son taux élevé de violence et de criminalité, des hommes armés ont abattu un homme politique local, membre du Congrès des progressistes (APC, au pouvoir) ainsi que son frère, rapporte l’AFP.
La veille du scrutin, le Nigeria, habitué à des violences électorales et post-électorales, a reçu de son voisin, le Tchad, un contingent de 500 soldats pour faire face aux attaques éventuelles des djihadistes de Boko Haram.
Challengers confiants
Les Nigérians élisent simultanément leur président de la République ainsi que 360 députés et 109 sénateurs dans un climat où la tension est montée d’un cran depuis le report des élections la semaine passée.
Tous les regards sont tournés vers le duel pour la magistrature suprême, entre Muhammadu Buhari (76 ans), président sortant en lice pour un second mandat et l’ancien vice-président du pays, Atiku Aboubakar (72 ans). Ce dernier, emmitouflé dans une tenue traditionnelle aux couleurs du drapeau national (vert et blanc), a voté ce matin dans un bureau de vote de sa ville natale, Yola (État d’Adamawa) dans le Nord-Est. Accueilli par des applaudissements de partisans visiblement mobilisés, il a déclaré confient : « Tout va bien».
Plus tôt, le président Muhammadu Buhari a également voté dans sa ville natale de Daura, dans le Nord-Est. Il est apparu, au bras de son épouse, tout aussi confiant que son challenger : « Bientôt je me féliciterai de ma victoire. Je serai le vainqueur ».
Toute la semaine durant, les deux camps se sont accusés mutuellement de velléités de fraudes. Les résultats du scrutin ne seront pas connus avant plusieurs jours. De nombreux observateurs mettent en doute la capacité du pays à publier les résultats en 48h comme cela fut le cas en 2015.
Le vainqueur de la présidentielle devra mobiliser, outre la majorité des voix, les 25% des deux tiers des 37 États du pays. À défaut, un second tour sera organisé la semaine prochaine.
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