Au Mali, Edouard Philippe conforte le soutien financier et militaire de la France

Le Premier ministre français, Edouard Philippe, a conforté samedi à Bamako l’aide financière et militaire de la France au Mali face à la menace jihadiste, tout en appelant à accélérer la mise en oeuvre de l’accord de paix de 2015.

Le Premier ministre français Édouard Philippe lors d’une conférence de presse à Paris le 31 août 2017. © Thibault Camus/AP/SIPA

Le Premier ministre français Édouard Philippe lors d’une conférence de presse à Paris le 31 août 2017. © Thibault Camus/AP/SIPA

Publié le 23 février 2019 Lecture : 3 minutes.

La France et sa force militaire Barkhane (4 500 soldats dans les pays du Sahel, dont 2 700 sur le territoire malien) seront « aux côtés du Mali aussi longtemps que nécessaire et aussi longtemps que le Mali le souhaitera », a lancé M. Philippe lors d’une conférence de presse commune avec son homologue malien, Soumeylou Boubèye Maïga.

Quelque 85 millions d’euros d’aide française au développement ont été actés lors d’une cérémonie à Bamako, dont 35 millions de subventions directes destinées notamment à faire face aux difficultés de trésorerie de l’État malien, qui peine à collecter des impôts dans de nombreuses régions.

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Et l’Agence française de développement (AFD), qui réoriente depuis 2018 ses crédits en priorité sous formes de dons vers le Sahel, « devrait doubler dans les prochaines années » sa contribution au Mali, a assuré M. Philippe.

« C’est important de livrer des combats pour gagner la guerre, mais c’est aussi important de construire la paix et la prospérité », a fait valoir avant la cérémonie M. Philippe, en inaugurant une vaste station de pompage d’eau près de Bamako, financée par les bailleurs internationaux.

Un engagement d’achat de coton, dont le Mali est le premier producteur africain, a également été annoncé par le géant français de la distribution Carrefour.

Ces gestes de soutien à l’exécutif du président Ibrahim Boubacar Keïta, que le Premier ministre français a ensuite rencontré dans l’après-midi, ont toutefois été assortis d’un appel poli à accélérer l’application de l’accord de paix de 2015 censé isoler définitivement les jihadistes, mais dont l’application accumule les retards.

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Si « des progrès indéniables » ont été accomplis, « nous devons être tous ensemble mobilisés pour que ces efforts puissent se poursuivre », a plaidé M. Philippe.

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Il a cité la décentralisation, le développement des régions du Nord et « l’accélération » du processus de « désarmement, démobilisation et réinsertion » (DDR) prévu par l’accord pour les combattants des groupes armés signataires, en vue notamment d’une armée malienne restructurée, plus représentative des populations du Nord en particulier.

Pas qu’un « problème d’argent »

Six ans après l’intervention militaire menée par la France pour chasser les jihadistes qui avaient pris le contrôle du nord du Mali et trois ans et demi après la signature de l’accord, des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques.

Dans un nouveau rapport rendu public vendredi après un an en tant qu’observateur indépendant de l’application de cet accord, le Centre Carter déplore ainsi que sur « 78 engagements spécifiques » contenus dans ce texte, « seuls 20 soient achevés » soit seulement 25%.

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit justement se prononcer en mars sur l’application de l’accord. Et l’avenir de la force onusienne au Mali, la Minusma, est en question.

Autre processus ralenti : la force conjointe du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso), qui après un coup d’arrêt en juin 2018 lors de l’attaque de son QG dans le centre du Mali, redéployé depuis à Bamako, vient de reprendre ses opérations en janvier.

« Mettre en place une coordination, cela peut prendre du temps, a fortiori avec des forces armées de niveau disparate » et malgré l’afflux de crédits, ce n’est « pas seulement lié à des problèmes d’argent », a plaidé Soumeylou Boubèye Maïga.

Au lendemain de l’annonce par l’armée française de la mort du numéro 2 du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, principale alliance jihadiste au Sahel, Edouard Philippe a affiché « l’endurance et l’humilité » plutôt que le triomphalisme.

>>> À LIRE – Mali : Djamel Okacha, l’un des principaux chefs jihadistes au Sahel, tué dans un raid de Barkhane

Si la lutte contre les groupes jihadistes et l’insécurité au Sahel « obtient des résultats », « la tâche est longue », a reconnu le Premier ministre, qui sera samedi soir et dimanche matin auprès des troupes françaises à Gao (nord).

Au-delà des attaques jihadistes, qui depuis 2015 se sont étendues au centre du Mali ainsi qu’au Niger et au Burkina Faso voisins, le Mali est confronté à un bond de l’insécurité.

Vendredi soir, trois Casques bleus guinéens ont été tués par de présumés coupeurs de route, à seulement 45 kilomètres de Bamako.

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