Monrovia, les diamants et l’ONU

Publié le 25 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

Les Nations unies ont rendu public un projet d’accord minier signé dans des « circonstances extrêmement opaques » entre différents groupes de l’ex-rébellion libérienne et une société dénommée West African Mining Corporation (Wamco). Il créerait un monopole de fait dans la plupart des régions productrices de diamants pour les dix prochaines années. Et ce même si, depuis 2001, l’ONU a mis en place un embargo sur les ventes de diamants en provenance du Liberia – embargo prorogé de six mois en décembre dernier. Les États-Unis ont mis en garde l’organisation contre une levée prématurée des sanctions.

Le projet de contrat implique Jonathan Mason, le ministre des Industries minières lié au Model, une des ex-factions rebelles, ainsi que ses collègues des Finances (Lucinee Kamara) et de la Justice (Kabineh Ja’neh), tous deux membres du Lurd, l’autre ex-groupe armé. Rosevelt Quaiah, un membre de la Commission nationale des investissements, proche des deux groupes rebelles, ainsi qu’un représentant, non nommément désigné, de Gyude Bryant, le chef de l’État par intérim, sont également parties prenantes.
Les représentants des factions armées partagent le pouvoir avec des membres de l’ancienne équipe au pouvoir à Monrovia. Un nouveau gouvernement que le responsable de l’ONU en charge du Liberia surnomme la « coalition des mauvaises volontés ». Dix ans durant, les ventes de diamants et de bois précieux ont financé les deux guerres du Liberia et ses débordements dans les pays voisins. Un lien que les sanctions visent à briser. Le conflit a pris fin en 2003 lorsque Charles Taylor, le chef de guerre devenu président, a accepté de quitter le pouvoir et de s’exiler.

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D’après le contrat, Wamco aura le droit de mettre en place des coopératives, d’acheter toutes les pierres qui ne sont pas encore sous contrat dans l’ouest du Liberia et de créer sa propre force de sécurité. LIB (London International Bank Ltd.), l’actionnaire majoritaire de Wamco, basé à Londres, déclare avoir été approché il y a deux ans. À la tête d’un fonds de 200 millions de dollars géré par Lehman Brothers et d’actifs immobiliers, LIB admet avoir une participation « substantielle » dans le capital de Wamco, mais ne prévoit pas de levée de fonds pour ce projet spécifique.
Le protocole d’accord signé entre LIB, Wamco et le gouvernement du Liberia réserve une part de 10 % des actions à ce dernier. Le responsable des opérations stratégiques, M. Majmader s’est engagé à la transparence, précisant que LIB n’exportera pas de diamants en violation de l’embargo. Mais la transaction a été critiquée par l’ONU pour ne pas avoir été soumise à l’examen de la Commission libérienne des monopoles et des contrats. De l’avis des analystes, de tels accords ne peuvent qu’encourager la corruption officielle.

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