Guerre de positionnement

Publié le 25 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

Pendant que Lansana Conté lutte contre la maladie, ses proches se livrent une bataille farouche pour occuper l’espace grandissant laissé vacant par le chef de l’État. En politique, plus que partout ailleurs, la nature a horreur du vide. Comme dans un jeu de massacre, ils passent le plus clair de leur temps à se jeter des peaux de banane, à mesure que s’aggrave la maladie de Conté. Parmi les victimes : Moussa Sampil, le ministre de la Sécurité, écarté le 8 mars du gouvernement, qui avait pris trop de place dans la défense du chef de l’État contre les « complots » de ses adversaires. S’il n’a pas été débarqué, l’autre dur du premier cercle, le ministre secrétaire général à la présidence de la République, Fodé Bangoura, a été affaibli. D’abord « contenu » par François Lonsény Fall, Premier ministre de février à avril 2004, il s’est vu priver de toute influence par le successeur de celui-ci, Cellou Dalein Diallo, arrivé à la tête du gouvernement le 9 décembre 2004.
Le mastodonte Elhadji Mamadou Sylla, un homme d’affaires très proche du chef de l’État, a vu ses prérogatives limitées avant de les retrouver. Diallo est notamment parvenu à supprimer le monopole dont jouissait l’une de ses entreprises, la Société guinéenne d’exportation des produits agricoles et miniers (Sogepam). Mais il n’a pu aller aussi loin qu’il l’aurait souhaité, sans doute parce que le vent a tourné.
Lancé dans une bataille pour recouvrer 22 millions de dollars qui auraient été indûment décaissés par la Banque centrale au profit du businessman, le Premier ministre a subi une série de désaveux. Après avoir rendu visite à domicile à Sylla à deux reprises (les 1er et 6 avril), Conté l’a autorisé à tenir l’Assemblée générale du Conseil national du patronat guinéen (CNPG). Sans en informer Diallo, qui avait commandité une étude pendante sur cette structure. Sylla a été réélu à l’unanimité à la tête du CNPG devant une forte délégation de cinq ministres. Par la suite, le ministre des Finances Madikaba Camara a déclaré publiquement que c’est l’État qui doit de l’argent à l’homme d’affaires et non l’inverse.
Pour boucler la boucle, Cellou Dalein Diallo aurait même eu du mal à rencontrer Conté avant de s’envoler le 14 avril pour les États-Unis où il devait assister aux réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.

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