Nigeria : Muhammadu Buhari réélu pour un second mandat

Muhammadu Buhari a été réélu président du Nigeria avec 56% des voix, selon les résultats définitifs communiqués par la commission électorale (INEC) mercredi matin.

Le président nigérian Muhammadu Buhari lors d’une manifestation à Lagos, au Nigeria, le 9 février 2019. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Le président nigérian Muhammadu Buhari lors d’une manifestation à Lagos, au Nigeria, le 9 février 2019. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Publié le 27 février 2019 Lecture : 3 minutes.

Affiches électorales dans une rue d’Abuja, à la veille de la présidentielle du 16 février 2019. © Ben Curtis/AP/SIPA
Issu du dossier

Présidentielle au Nigeria : Buhari réélu, Abubakar rejette les résultats

84 millions d’électeurs, 72 candidats. La présidentielle qui se joue samedi 23 février, après avoir été repoussée le 16 février à quelques heures de l’ouverture des bureaux de vote, est à l’image de ce géant de l’Afrique de l’Ouest : colossale. Face à Atiku Abubakar, son principal challenger, Muhammadu Buhari a été réélu président du Nigeria avec 56 % des suffrages.

Sommaire

Le scrutin s’annonçait serré, mais Buhari a réussi à maintenir une large avance sur son adversaire. Le président sortant « est déclaré vainqueur et est réélu », a ainsi officialisé le président de l’INEC, Mahmood Yakubu à l’aube mercredi 27 février, alors que la compilation des résultats avait mis fin au suspense dès mardi soir.

Avec les résultats des 36 États du pays ainsi que de la capitale fédérale Abuja, Muhammadu Buhari a gagné en comptant une avance de près de 4 millions de voix par rapport à son principal rival, Atiku Abubakar. Le candidat du Parti Populaire Démocratique (PDP) est quant à lui crédité de 41% de suffrages.

la suite après cette publicité

Quelques centaines de personnes s’étaient rassemblées dans le quartier général du parti au pouvoir, le Congrès des Progressistes (APC) à Abuja, pour sabrer le champagne au son de l’afropop. Toutefois, en raison de l’heure tardive de l’annonce, il y avait peu de ferveur ou célébration populaire dans le pays. Y compris à Kano, l’un de ses fiefs, où ses partisans étaient sortis en masse en 2015 pour célébrer sa première victoire.

Soutien du Nord

Depuis lundi, au fur et à mesure que l’INEC annonçait les résultats, État par État, parti par parti, le suspense se réduisait. Les écarts entre les candidats, tout deux haoussas du nord et musulmans, étaient certes moins prononcés que lors du scrutin de 2015, entre Buhari et Goodluck Jonathan, chrétien du Delta, mais Buhari a conservé une large avance.

Le Nord ne l’a pas trahi. Après un premier bilan très mitigé et critiqué sur les questions économiques et sécuritaires, Buhari gardait une large avance dans ses bastions où il dépassait les 70%, mais a perdu près de 435 000 voix dans l’immense ville de Kano (nord), l’un de ses fiefs.

>>> À LIRE – Présidentielle au Nigeria : surenchère entre Buhari et Abubakar dans la bataille contre la corruption

la suite après cette publicité

Atiku Abubakar n’a de son côté pas réussi à faire l’unanimité dans la région yorouba du sud-ouest, où le parti au pouvoir a gardé la majorité des votes, ou dans le sud-est igbo, malgré le choix de Peter Obi, ancien gouverneur de l’État d’Anambra, comme vice-président.

Contestation de l’opposition

L’opposition a dénoncé des fraudes massives du parti au pouvoir pour maintenir Muhammadu Buhari à la tête du pays, et avait demandé l’interruption des résultats mardi soir. Toutefois, cette demande ne peut se faire que par voie de justice.

la suite après cette publicité

>>> À LIRE – Présidentielle au Nigeria : Muhammadu Buhari et Yemi Osinbajo, le général et le technocrate

« Situation Room appelle les partis politiques et les candidats qui ont des griefs avec le processus électoral à utiliser les recours légaux pour le faire« , a annoncé le groupe de surveillance de la société civile dans un communiqué, après avoir dénoncé des manquements graves dans l’organisation du scrutin.

Retards à l’ouverture des bureaux de vote, intimidations d’électeurs, destruction de matériel électoral : la société civile et les observateurs ont dénoncé de nombreuses irrégularités et recensé au moins 53 morts dans des violences électorales.

Faible taux de participation

La mobilisation des électeurs nigérians a été faible lors de ce scrutin, avec un taux de participation d’environ 40%. L’affluence a ainsi reculé dans quasiment tous les États du pays, notamment dans le sud-est. Dans l’État d’Abia par exemple, où les mouvements séparatistes pro-Biafra ont une forte assise populaire, le taux de participation n’a été que de 18%.

À Lagos également, capitale économique de l’Afrique de l’ouest et réservoir très important de voix avec plus de 6 millions d’électeurs enregistrés, le niveau de participation ne dépassait pas les 20%. Les observateurs s’inquiètent de cette « faible mobilisation » qui « pourrait affecter la crédibilité du vainqueur de cette élection », déjà entachée par des accusations de fraudes.

« La raison principale pour laquelle les électeurs ne se déplacent pas, c’est qu’il ne sentent pas la présence de l’État dans leur vie quotidienne », explique à l’AFP Nana Nwachukwu, activiste pour la campagne Not Too Young Too Run (Pas trop jeune pour s’engager en politique). « L’apathie générale est due au fait que les Nigérians ne peuvent pas compter sur leur gouvernement », note-t-elle.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Dans le même dossier