Télécoms : Orange Niger saisit la justice pour négocier avec ses créanciers

Confrontée à « d’importantes difficultés économiques », conséquence notamment de son bras de fer avec le gouvernement nigérien, la filiale de l’opérateur français vient de solliciter l’ouverture d’une procédure de règlement préventif auprès du tribunal de commerce de Niamey, censée lui éviter de se trouver en cessation de paiement.

Le siège d’Orange Niger à Niamey. © TAGAZA DJIBO pour JA

Le siège d’Orange Niger à Niamey. © TAGAZA DJIBO pour JA

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 28 février 2019 Lecture : 2 minutes.

Nouvelle épisode dans la relation houleuse entre Orange Niger et l’État. Cette fois, c’est le groupe français qui est à l’initiative. En proie à « d’importantes difficultés économiques notamment du fait des conditions de marché », Orange a annoncé le 27 février, avoir sollicité l’ouverture d’une procédure de règlement préventif auprès du tribunal de commerce de Niamey. Acceptée par la juridiction nigérienne, cette procédure a pour objectif d’éviter une cessation de paiement du groupe de téléphonie.

Dans ce cadre, un expert vient d’être nommé, qui aura pour mission « d’examiner la situation et d’accompagner la direction générale d’Orange-Niger dans les négociations avec les créanciers », a indiqué le groupe.

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Conséquence des redressements et condamnations répétées ?

Orange Niger chercherait-il à sortir du marché nigérien ? Depuis sa création en 2008, l’activité d’Orange Niger a décollé, notamment grâce à l’avènement des technologies 3G/4G. Mais en dépit de ses 2,5 millions de clients et 86 millions d’euros de chiffre d’affaire en 2018, le numéro deux du secteurs au Niger accumule les difficultés avec le gouvernement, au même titre que ses concurrents étrangers.

Manque de transparence tarifaire en 2014, insuffisance de la couverture du réseau en 2017, non-paiement d’impôts en 2018. Les opérateurs téléphoniques, et Orange en premier lieu, ont dû faire face à des condamnations régulières et autres redressement fiscaux, chiffrés à chaque fois à plusieurs millions d’euros.

Interrogé par Jeune Afrique le 27 février dernier, lors Mobile World Congress, Sani Maïgochi, ministre nigérien des postes, télécommunications et de l’économie numérique, a défendu sans concession ces mesures prise par l’État. « Les opérateurs ne sont pas suffisamment transparents, nous sommes dans le flou. Si les déclarations de leurs revenus étaient faites de manière convenable, ils ne seraient pas soupçonnés. »

>> À LIRE. Télécoms : opérateurs contre États, une escalade inquiétante

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En décembre 2018, la direction général des impôts du Niger avait même ordonné la mise sous scellé du siège d’Orange Niger, pour obtenir un redressement fiscal de 22 milliards de francs CFA (33 millions d’euros), soit « près de 50% (de son) chiffre d’affaires » regrettait le groupe qui qualifiait cette décision de « contestable ». Cette mise sous scellé aura finalement duré un mois, à l’issue duquel un arrangement confidentiel a permis la réouverture des bureaux.

« La loi est faite pour tout le monde. Il y a eu des redressements fiscaux pour Moov, Orange et Airtel. Moov a payé, il n’y avait pas de raison que nous ne prenions pas de mesure à l’encontre des deux autres, soutient le ministre. Quand Orange et Airtel se sont conformés à la loi, nous avons descellés leurs bureaux. »

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Si du point de vue nigérien « les choses sont rentrées dans l’ordre », la situation a toujours une grand potentiel évolutif pour Orange Niger. « Toutes les solutions possibles sont examinées, y compris la recherche d’un partenaire capable de soutenir le développement de l’activité », prévient l’opérateur téléphonique.

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