Vaudeville thérapeutique

Une nouvelle série ivoirienne part à la conquête de l’Afrique selon un modèle économique importé des États-Unis. En s’inscrivant dans le cadre de la communication d’un groupe bancaire en pleine expansion.

Publié le 25 février 2008 Lecture : 2 minutes.

C’est une évidence : l’hôpital fait désormais partie intégrante de l’univers des séries télévisées. De Grey’s Anatomy à Urgences en passant par H ou Docteur House, difficile d’y échapper. Jusque sur le continent africain, où un sitcom ivoirien utilise le même décor : Dr Boris, diffusé tous les dimanches à 19 heures sur la RTI, occupant la place laissée vacante par Ma famille, dont le succès s’est étendu d’Abidjan à Kinshasa Difficile de prendre la relève, mais le pari est en passe d’être remporté. Si l’idée de l’hôpital comme cadre du nouveau feuilleton n’est pas d’une grande originalité, le scénario et les répliques ne manquent pas de sel.
L’histoire tourne autour de la vie sentimentale agitée du docteur Boris, jeune et brillant médecin généraliste campé avec justesse par Ahmed Souané, déjà remarqué dans Caramel du regretté Henri Duparc. Particulièrement compétent et apprécié dans son milieu professionnel, Boris n’a qu’un défaut – ou presque : marié, il ne peut résister aux tentations des aventures extraconjuguales. Une attitude volage qui lui vaut bien des désagréments, surtout lorsqu’il part à la conquête de Mlle Alice, la nièce de son patron (ce qu’il ignore). Évidemment, il se présente à elle comme célibataire et – pourquoi s’arrêter là – comme propriétaire de la clinique où il travaille
Au-delà de la trame, certes un peu convenue, du vaudeville hospitalier, s’articulent subtilement plusieurs histoires croisées qui dressent la satire aussi décapante que pédagogique d’une « certaine Afrique », selon le mot de la production. En évitant les pièges du moralisme ou du misérabilisme, et en mettant l’humour au cur de leur démarche, les trois scénaristes de Dr Boris (dont Bernard Mafili, qui a travaillé sur Ma famille) ainsi que le réalisateur, Michael Konan, ne sombrent pas dans la caricature et réussissent à aborder des sujets graves de manière pertinente. Problèmes de santé et sorcellerie, conflits sociaux, rapports homme/femme Les grands drames ou les petites mesquineries de la vie quotidienne sont croqués avec vivacité.
L’autre atout de la production est de réunir un casting fédérateur avec plusieurs générations d’acteurs professionnels. Célèbre depuis Bal poussière (Henri Duparc, 1988), Bakary Bamba tient le rôle du directeur de la clinique. Tout aussi connus, Adrienne Kantouan, Adama Dolo, Fanta Coulibaly, Laurent Ibo (alias Djimmy Danger), Eugénie Ouattara ou Daouda Coulibaly partagent l’affiche avec de jeunes talents comme Ahmed Souané ou Aurélie Eliam (qui interprète Mlle Alice).
Dernière particularité : la Banque atlantique a prépayé les droits de télédiffusion de Dr Boris, qui sera diffusé au Mali, au Sénégal, au Burkina Faso, au Bénin Les cinquante-deux épisodes de la première saison, intitulée « Consultation directe », sont donc rythmés par les spots publicitaires et les clins d’il – plus ou moins appuyés – à l’enseigne bancaire. Mais un accord est d’ores et déjà en négociation avec la compagnie de téléphonie mobile Celtel pour une diffusion en Afrique centrale, et une doublure en anglais est également en cours de réalisation. Objectif : les marchés d’Afrique du Sud, mais aussi du Nigeria, du Ghana Dr Boris, une série panafricaine ?

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