Mali : après la rencontre entre IBK et Soumaïla Cissé, vers un apaisement entre pouvoir et opposition ?

Si la rencontre du 26 février entre le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et l’opposant Soumaïla Cissé, qui devraient à nouveau se réunir ces prochains jours, marque un premier pas dans le retour au dialogue politique entre pouvoir et opposition, certains analystes politiques appellent à la prudence.

Ibrahim Boubacar Keïta (IBK, à gauche) et Soumaïla Cissé. © Montage Vincent Fournier/Emmanuel Daou Bakary pour JA

Ibrahim Boubacar Keïta (IBK, à gauche) et Soumaïla Cissé. © Montage Vincent Fournier/Emmanuel Daou Bakary pour JA

Publié le 28 février 2019 Lecture : 3 minutes.

Le tête-à-tête, le premier depuis la réélection d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à la présidentielle de 2018, a duré près de deux heures. Une rencontre à l’issue de laquelle Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition qui rencontrait ce 26 février le président malien au Palais présidentiel de Koulouba, a évoqué un « début de décrispation ».

Le signe d’un véritable retour au dialogue politique entre pouvoir et opposition, notamment opposés sur la question de la révision de la Constitution ? Rien n’est moins sûr. Durant leur rencontre, les deux hommes politiques ont notamment évoqué la situation du pays et la possibilité de travailler ensemble pour mener à bien les réformes prévues en 2019, avant de se donner un nouveau rendez-vous la « semaine prochaine », a indiqué à Jeune Afrique une source proche de Soumaïla Cissé, sans en préciser la date. « La rencontre entre les deux personnalités est un premier signe qui peut aller dans le bon sens, mais attendons leur rencontre prévue la semaine prochaine avant d’espérer une décrispation du climat politique », a souligné cette même source.

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Les échéances politiques pointent à l’horizon avec, dès le 9 juin prochain, les élections législatives et le référendum sur la révision de la Constitution, qui vise à intégrer les recommandations de l’accord de paix. Le 5 février dernier, le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), qui regroupe plusieurs partis politiques d’opposition et des organisations de la société civile proches de Soumaïla Cissé, avait rejeté le cadre de concertation instauré par le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga.

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« Nous finirons par trouver un consensus  »

À Bamako, certains analystes politiques préfèrent ainsi rester prudents, notamment dans l’attente d’une déclaration officielle du président. « Il n’y avait pas de témoin lors de la rencontre. Mais je sais que les choses se sont bien passées », avait affirmé une source à la présidence à l’issue de leur tête-à-tête. « Nous ne savons pas réellement ce qu’ils se sont dit et ce sur quoi ils se sont entendus, tempère Moumouni Soumano, politologue et directeur exécutif du Centre malien pour le dialogue interpartis et la démocratie (CMDID). Je préfère rester prudent et ne pas déjà parler d’une décrispation du climat politique entre opposition et majorité, comme on peut le lire dans la presse », précise-t-il, en ajoutant également que « la deuxième rencontre entre les deux hommes nous permettra de mieux cerner leur engagement ».

Il y a une divergence de points de vue sur la méthodologie, mais les discussions seront approfondies

Dans le camp du président malien, l’heure est plutôt à l’optimisme. Cette rencontre n’est pas un hasard, elle est le fruit d’un travail dont la préparation était en cours depuis le mois de janvier dernier. « C’est une rencontre positive, puisque c’est l’aboutissement de tous nos échanges et rencontres que nous avons menés avec les partis politiques, notamment l’URD [Union pour la République et la démocratie, ndlr] et Soumaïla Cissé, depuis le mois de janvier dernier », souligne Mahamadou Camara, secrétaire aux relations extérieures du Rassemblement pour le Mali (RPM), d’Ibrahim Boubacar Keïta.

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« Nous partageons des points communs avec l’opposition, notamment sur la réforme constitutionnelle à venir. L’opposition est d’accord avec le changement de la Constitution ou encore l’organisation des élections législatives. Il y a une divergence de points de vue sur la méthodologie, mais les discussions seront approfondies et nous finirons par trouver un consensus », précise Mahamadou Camara.

L’opposition des chefs religieux

Autre point d’interrogation : les chefs religieux qui se sont opposés au pouvoir. Le 10 février dernier, le Haut Conseil islamique du Mali (HCIM) dirigé par Mahmoud Dicko a notamment organisé un meeting réunissant plus de 60 000 personnes pour demander le départ de l’actuel Premier ministre.

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« Les religieux “surfent” sur la frustration née de la crise au centre et au nord du pays pour réussir leur mobilisation. Après les déclarations publiques et les positions qu’ils ont prises contre l’actuel Premier ministre, leur collaboration avec ce dernier sera difficile », analyse Moumouni Soumano du CMDID. Pour ce dernier , « cela laisse à croire que l’opposition aux différentes échéances politiques peut venir des religieux et non de l’opposition politique ».

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