Louis Michel

Commissaire européen au Développement et à l’Aide humanitaire

Publié le 25 février 2008 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Le 21 février, vous avez rencontré des ministres tchadiens. Leur discours sur la disparition de deux opposants vous a-t-il convaincu ?
Louis Michel : On ne peut être convaincu que lorsqu’on a eu l’occasion de vérifier par soi-même. Cela dit, les trois ministres [des Affaires étrangères, des Finances et de la Justice, NDLR] m’ont paru sincères. Un opposant reste en prison pour des faits qu’ils jugent répréhensibles. Ils ne savent pas où se trouvent les autres et ont mis en place une commission d’enquête sous l’égide du ministre de l’Intérieur. Pourquoi devrais-je remettre en cause leurs arguments ? Je n’accréditerai pas la thèse d’une disparition dont le gouvernement serait l’auteur, simplement parce que cela se dit ici ou là.

Vous ne partagez donc pas le point de vue d’Ursula Plassnik, la ministre autrichienne des Affaires étrangères, qui, le 20 février, a estimé que ces disparitions étaient incompatibles avec le déploiement de l’Eufor, la force d’interposition européenne ?
Je respecte le point de vue de la ministre autrichienne, mais je veux rappeler que l’Eufor n’est, en aucune façon, destinée à défendre ou à protéger M. Déby Itno. Son rôle est de protéger la population, d’aider à la stabilisation du pays et de créer les conditions d’un dialogue politique entre l’opposition et le gouvernement. Il est utile et urgent que l’Eufor se déploie.

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L’engagement de la France au Tchad est-il de nature à nuire à l’action de l’UE ?
La France a fait exactement ce qu’elle devait faire. Je ne crois pas qu’elle se soit engagée pour défendre Idriss Déby Itno. Il est trop simple de laisser entendre qu’elle a manqué à la neutralité. Elle a fait ce qu’on attend d’un pays démocratique responsable vis-à-vis de ses ressortissants et des membres de la communauté internationale présents sur place. Sans elle, on serait peut-être confronté à des problèmes de conscience encore plus importants.

Tout de même, son implication n’est pas neutre…
À partir du moment où les rebelles dénoncent une ingérence française en faveur de Déby Itno, il est logique que certains pays européens se demandent si ce n’est pas dangereux. Mais que chacun prenne ses responsabilités ! L’urgence, c’est de stabiliser cette région. La France a compris qu’il fallait une force d’interposition et elle a tenté de rassembler une partie de l’Union européenne pour agir. Je suis allée dans les camps de réfugiés et de déplacés. Si quelqu’un sait comment on peut régler le problème sans mettre en place une force d’interposition, il faut qu’il m’explique !

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