Une cour nigériane juge « illégale » l’extradition de séparatistes camerounais

L’expulsion de séparatistes camerounais qui avaient obtenu le droit d’asile au Nigéria a été jugée « illégale et anti-constitutionnelle » par une cour de justice nigériane.

Un soldat camerounais. © Edwin Kindzeka Moki/AP/SIPA

Un soldat camerounais. © Edwin Kindzeka Moki/AP/SIPA

Publié le 3 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

« Le juge Chikere a déclaré que l’arrestation et la détention de douze plaignants était illégale » dans un jugement rendu dans la semaine à Abuja, peut-on lire dans un communiqué du cabinet Falana and Falana, qui assure leur défense.

« Concernant l’expulsion de ces douze détenus ainsi que 35 autres du Nigeria vers le Cameroun (…) le juge a déclaré qu’elle était illégale et anti-constitutionnelle », note le communiqué, émis ce dimanche 4 mars, soulignant que l’Etat nigérian devrait s’assurer qu’ils puissent être renvoyés au Nigeria.

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Interpellés à Abuja début janvier 2018 par les services de renseignement nigérians soucieux de soutenir leur voisin camerounais, 47 leaders du mouvement séparatiste anglophone camerounais, dont leur président autoproclamé Julius Ayuk Tabe, ont été transférés à Yaoundé le 26 janvier.

Il « n’existe aucun accord d’extradition » entre les deux pays, ont plusieurs fois plaidé au Cameroun les avocats des prisonniers. Sur les réseaux sociaux, des leaders d’opinion des sphères séparatistes, en exil, se sont félicités de cette décision. « La victoire est certaine », a déclaré Mark Bareta, un des principaux propagandistes des séparatistes armés, suivi sur Facebook par plus de 100.000 personnes.

Les Camerounais anglophones « sont heureux qu’au moins il y ait une indépendance judiciaire au Nigeria. Ils espèrent que le gouvernement nigérian donnera suite à cette décision judiciaire », a-t-il publié sur son site, à l’instar de plusieurs autres comptes de séparatistes sur les réseaux sociaux se félicitant de cette décision de justice.

Un procès pour « terrorisme »

Pour dix des séparatistes transférés, dont Julius Ayuk Tabe, président autoproclamé de l’Ambazonie – nom donné par les séparatistes à un Cameroun anglophone indépendant dont ils souhaitent l’avènement -, un procès pour « terrorisme » et « sécession » s’est ouvert début décembre au Cameroun.

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Depuis leur transfèrement depuis le Nigeria, les leaders ont longtemps été gardés au secret au Secrétariat d’Etat à la défense (SED), le siège de la gendarmerie à Yaoundé qui abrite une prison de haute sécurité. Début décembre, peu avant l’ouverture de leur procès, M. Ayuk Tabe et neuf autres séparatistes ont été transférés à la prison centrale de Yaoundé, où ils peuvent recevoir quelques visites.

Le procès n’a pas encore abordé le fond du dossier. Les avocats d’Ayuk Tabe ont juste affirmé que leurs clients n’étaient pas Camerounais et, qu’en en tant que « Ambazoniens », ils devaient retourner au Nigeria pour y être jugés. Une nouvelle audience au tribunal militaire est prévue le 7 mars.

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Le président camerounais Paul Biya, 85 ans dont 36 au pouvoir, a plusieurs fois appelé les séparatistes qui ont opté pour la lutte armée à déposer les armes, et a prévenu que ceux qui ne le feraient pas seraient « neutralisés ».

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