L’anti-Castro

Publié le 25 février 2008 Lecture : 3 minutes.

Je voudrais vous parler maintenant d’une autre personnalité, américaine, on ne peut plus différente de Castro. Cet homme est, lui, dans la force de l’âge et en bonne santé. Il est, de surcroît, un parangon du capitalisme.
Il a 53 ans et s’appelle Bill Gates. En 1975 – il n’avait alors que 20 ans ! -, il a fondé la société Microsoft. En peu d’années, celle-ci est devenue l’une des entreprises les plus rentables – et les plus célèbres – du monde, donnant à son fondateur richesse et gloire.
Il n’avait pas encore la quarantaine lorsqu’il est devenu l’homme le plus riche du monde
Cela aurait dû lui monter à la tête, le conduire aux extravagances de ces parvenus qui pensent nous éblouir par leur style de vie insensé, alors qu’ils nous écurent.

Avant même d’avoir 50 ans, Bill Gates a pris une double décision lourde de conséquences : il consacrera 90 % de sa fortune, et aussi l’essentiel de son temps, jusqu’à sa retraite ou la fin de sa vie, non plus à Microsoft (dont il abandonne la direction à son associé), mais à la lutte contre les grandes maladies et contre la pauvreté dans les pays et les continents où elles sévissent le plus.

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Dans des livres, des articles, des discours ou des interviews, il a exposé les grandes lignes de sa pensée, dit ce qui le préoccupe et a indiqué la direction dans laquelle il va orienter son action.
Ayant presque tout lu de ce qu’il a écrit et de ce qu’on a écrit sur lui, je pense être en mesure de vous livrer, en quelques paragraphes, les fondements de son « idéologie ».
C’est, vous allez le voir, le testament d’un jeune retraité qui s’exprime comme un vieux sage.

– « J’ai quitté l’université Harvard il y a trente ans sans avoir véritablement conscience des terribles injustices qui existent dans le monde, des abominables disparités en matière de santé, de richesse et d’égalité des chances qui condamnent au désespoir des centaines de millions d’êtres humains.
– « J’ai appris, depuis, que nous pouvons rendre les forces du marché plus favorables aux pauvres si nous parvenons à développer un capitalisme plus créatif. Nous devons faire évoluer ces forces du marché de telle manière que davantage de gens en profitent et qu’on apporte un soulagement aux déshérités.
– « Pour un milliard d’êtres humains sur six milliards, ce capitalisme créatif a abouti à des résultats que n’ont pas obtenus les autres systèmes. Et pourtant, il existe ce sentiment très fort que pour orienter ce système-là dans la bonne direction, il y a encore beaucoup à faire.

– « Pour un homme ou pour une femme, comme pour un pays, l’éducation est la clé qui ouvre la porte de la réussite.
« Je ne peux m’empêcher d’établir une corrélation entre la santé économique d’un pays et le rang mondial de ses universités : les États-Unis, qui ont vu naître la Silicon Valley, abritent le gratin des universités, tels le MIT, Carnegie Mellon ou encore Stanford. La Chine, avec Tsinghua, Shanghai Jiao Tong ou encore Zhejiang University, est de plus en plus présente dans cette course au savoir.
« Il faut miser sur l’excellence universitaire et la recherche croisée entre la fac et les entreprises.
– « J’aime la science. Chaque année, je m’isole durant une semaine avec une soixantaine de projets de recherche. Pour rien au monde, je ne sacrifierais ce think week. Ce qui me passionne, ce sont les découvertes. »

– « Ce n’est qu’en 1993 que je me suis rendu en Afrique du Sud : c’était à l’époque par pur plaisir, pour observer la faune. Mes grands déplacements se limitaient auparavant à l’Asie pour des raisons professionnelles.
« C’est à l’occasion de ce premier voyage en Afrique que j’ai pris dans la figure la réalité dramatique de la pauvreté. Un sentiment que j’ai ressenti en Inde par la suite.
« Je pense que nous devrons créer, en Afrique, des sociétés qui aideront à réduire la pauvreté et à améliorer la santé. Il y a beaucoup à faire également autour du microcrédit, de la découverte de nouvelles semences, de la réduction de la fracture numérique. »

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– « Le réchauffement de la planète, les atteintes à l’environnement ? C’est un vrai problème, certes. Mais il faut garder le sens des priorités, on parle là de dangers à terme de plusieurs décennies, alors que la malaria tue chaque année plusieurs millions de personnes. En ce moment même.
« Nous avons dressé une liste de vingt maladies à éradiquer coûte que coûte. J’aimerais aussi tellement être à l’origine de découvertes en matière de vaccin »

– « À partir de juillet prochain, je travaillerai à temps plein pour la Fondation, qui a pour mission de contribuer à éradiquer les grandes maladies et la pauvreté.
« À Microsoft, je ne serai plus que président du conseil d’administration, sans rôle exécutif, et cela me prendra peu de temps. »

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