Cameroun : après la hausse des taxes, les brasseurs augmentent leurs prix

Les trois producteurs locaux, SABC, UCB et Guinness Cameroon, ont décidé d’augmenter le prix de leurs bouteilles de 50 francs CFA, en réponse à nouvelles mesures fiscales contenues dans la loi de finances 2019.

SABC Douala. Brasseries du Cameroun © Nicolas Eyidi pour Jeune Afrique

SABC Douala. Brasseries du Cameroun © Nicolas Eyidi pour Jeune Afrique

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Publié le 5 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

Le 4 mars, Guinness Cameroon s’est résolue à suivre ses concurrentes et a augmenté de 50 F CFA (8 centimes d’euro) le prix de ses différentes marques de bière. La décision de la filiale du groupe britannique Diageo intervient trois jours après celles de la Société anonyme des brasseries du Cameroun (SABC – groupe Castel) et l’Union camerounaise des brasseries (UCB – groupe Kadji), qui ont procédé à des hausses de prix similaires.

Les Brasseries du Cameroun ont également choisi d’augmenter le prix de leurs sodas, à l’exception de sa marque phare « Top », de 25 F CFA.

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La mesure est prise en application de trois dispositions de la loi de finances 2019, qui crée un nouveau droit d’accises – un second, après celui sur les boissons alcoolisées en 2016 – sur les matières premières importées entrant dans la fabrication des alcools, réduit de moitié l’abattement des droits d’accises sur les bières de moins de 5,5 degrés d’alcool, et modifie la base d’imposition du droit d’accises, qui ne repose plus sur le prix de vente appliqué au distributeur, mais au consommateur.

L’industrie s’estime encore perdante

Dans un courrier adressé le 29 novembre – en pleine session parlementaire consacrée à l’adoption du budget 2019 – à Louis-Paul Motaze, le ministre des Finances, la Cameroon Alcohol Producers Association (CAPA), qui regroupe de Guinness Cameroon, SABC, UCB, Fermencam (groupe Foyou) et Sofavinc (groupe Fokou), s’inquiétait déjà des effets desdites trois mesures.

L’association des producteurs de boissons alcoolisées, qui emploie plus de 10 000 personnes et a réalisé un chiffre d’affaires de 770 milliards de F CFA en 2017, évalue l’impact moyen de ces mesures entre 70 et 115 F CFA pour une bouteille de bière coûtant 600 F CFA. Si on y ajoute la TVA à 19,25 % et le précompte de 2,2 %, la charge fiscale par bouteille serait comprise entre 85,02 et 139,66 F CFA.

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L’industrie brassicole annonçait donc à l’époque une augmentation moyenne du prix de vente par bouteille comprise entre 100 et 150 F CFA. « Nous sommes donc loin d’avoir intégralement répercuté la hausse sur le consommateur. Car le gouvernement, qui redoute des remous sociaux, nous a imposé de ne point aller au-delà de 50 F CFA d’augmentation, alors que nous espérions un relèvement minimum de 100 F CFA », glisse, dépité, un brasseur ayant requis l’anonymat.

Des « restructurations » à prévoir

Parmi les autres effets attendus, une baisse anticipée des volumes de l’ordre de 20 % et des « restructurations internes conséquentes, aux conséquences sociales et économiques incalculables compte tenu du niveau d’intégration de la filière (sorgho, maïs, sucre, etc…) ».

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Pour faire passer la pilule, forcément amère pour les Camerounais, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a convié les associations de défense des consommateurs, l’industrie brassicole et les syndicats de distributeurs de boissons à une concertation le 6 mars.

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