Histoire de Mig
Alger restitue à Moscou une quinzaine de Mig 29 théoriquement neufs livrés en 2007 ; les appareils étaient d’ancienne génération, voire de seconde main…
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Au 31 décembre 2007, les réserves de change de l’Algérie s’élevaient à 110 milliards de dollars « sécurisés », selon une source officielle, en référence aux bourrasques qui balayent actuellement les places financières mondiales. Mais si le pays de Bouteflika dépense presque sans compter (150 milliards de dollars d’investissements publics en cinq ans), il n’est pas pour autant disposé à se laisser rouler dans la farine. L’épisode des Mig 29, à l’occasion des adieux, le 19 février, à Moscou, du président Abdelaziz Bouteflika à son homologue russe Vladimir Poutine, qui quitte le Kremlin en mars, en est la parfaite illustration.
Alliées de longue date, l’Algérie et la Fédération de Russie sont liées, depuis avril 2001, par un accord de partenariat stratégique. Aux termes d’une convention pour l’annulation de la dette algérienne (4,5 milliards de dollars) à l’égard de la Russie, signée en mars 2006 lors d’une visite à Alger du président Poutine, l’Algérie s’est engagée à convertir ce montant en acquisition de biens et de services russes. Cela tombait bien : les besoins induits par la modernisation des équipements de l’armée algérienne, client traditionnel de l’industrie militaire russe, couvraient largement cette somme. Des contrats ont été signés dans la foulée. L’un d’eux prévoyait le renouvellement d’une partie de la flotte aérienne : avions de chasse, bombardiers, cargos Iliouchine. Montant de la transaction : 1,7 milliard de dollars, pour une trentaine de Mig 29, une dizaine de chasseurs Sukhoi, des simulateurs de vol et des équipements de formation. Les premières livraisons ont débuté au cours du second semestre 2007 par une quinzaine de Mig 29. Dès réception, les Algériens constatent des anomalies. Le matériel fourni est d’une ancienne génération. Pis : certains appareils ont déjà servi. Le commandement est furieux, mais ne fait pas de vagues. Le gouvernement algérien traite le dossier avec discrétion, comme le veut tout litige commercial entre deux partenaires privilégiés. La marchandise est restituée. La presse russe s’empare de l’affaire et met la mauvaise humeur algérienne sur le compte de pressions françaises (« Sarkozy veut placer ses Rafale », ironise un quotidien moscovite) et des affinités entre Bouteflika et George W. Bush. C’est dire l’ambiance à Moscou à la veille de la visite du président algérien, qui avait dépêché sur place, le 16 février, son chef de la diplomatie, Mourad Medelci, et son ministre délégué à la Défense, Abdelmalek Guenaïzia. Très vite, le malentendu est dissipé. Les uns acceptent la marchandise restituée et les autres consentent à payer plus cher (12 millions de dollars l’unité) les Mig 29 SMT, de dernière génération. Tout est bien qui finit bien
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