Du Sahara à l’Angola

Depuis 1963, Cuba est intervenue à plusieurs reprises en Afrique. Mais c’est aux côtés du régime de Luanda qu’elle a joué son rôle le plus important.

Publié le 25 février 2008 Lecture : 3 minutes.

Il voulait exporter sa révolution, et les problèmes de l’Afrique, continent d’origine d’une partie des ancêtres des Cubains, ne l’ont pas laissé indifférent. C’est donc les armes à la main que Fidel Castro volera au secours de ses amis. « Cuba n’est pas seulement un pays latino-américain, mais aussi latino-africain », déclare Fidel Castro aux délégués du premier congrès du Parti communiste cubain, en décembre 1975. Depuis quarante jours, au nom de cette vision et des « devoirs internationalistes », l’armée cubaine se bat en Angola, à 10 000 kilomètres de La Havane, aux côtés des troupes du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), qu’elle a aidé à prendre le pouvoir. Fidel Castro est-il vraiment sincère dans sa vocation « latino-africaine » ou s’agit-il, en réalité, d’un enrobage idéologique destiné à couvrir une ambition internationale démesurée ? Les deux probablement. Ce qui est certain, en tout cas, c’est que le comandante, qui est déjà un géant en Amérique latine, ira jusqu’au bout de son rêve africain. Pour le meilleur et pour le pire.
La première véritable intervention de l’armée cubaine en Afrique (et hors de ses frontières) a lieu en 1963, au Sahara, à la demande du président algérien Ahmed Ben Bella. Castro envoie à l’Algérie, en conflit frontalier avec le Maroc que soutiennent la France et les États-Unis, des tanks soviétiques T45 et T34, datant de la Seconde Guerre mondiale. Mais les 600 Cubains ne livreront aucun véritable combat, la « guerre des Sables » n’étant qu’une succession d’escarmouches.
Deuxième engagement, le Sahara occidental lors du retrait de l’Espagne. Aux côtés de l’Algérie, les Cubains soutiennent les indépendantistes sahraouis. Et favorisent la création, le 10 mai 1973, du Front de libération de Saguia el-Hamra et du Rio de Oro, aujourd’hui appelé Front Polisario. Entraînement, formation politique, armement, aide médicale et humanitaire aux camps de déplacés, rien n’est négligé. D’autant que Castro, rendu furieux par l’assassinat de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka, a fait de ce conflit avec le royaume chérifien une affaire personnelle.
Mais c’est en Afrique subsaharienne que le président cubain jouera un rôle fondamental. D’abord par cette tentative d’exporter la révolution menée par Ernesto « Che » Guevara au Congo, en 1965. Arrivés dans l’est de ce pays pour soutenir les rebelles lumumbistes en guerre contre le pouvoir central, le « Che » et ses amis cubains échouent lamentablement. Mais ce voyage en Afrique n’est pas vain. Il permet de nouer des relations avec les dirigeants du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) basés au Congo-Brazzaville et en lutte contre le colonisateur portugais. Cuba aidera militairement le MPLA en lui envoyant conseillers et matériel. L’autre mouvement à bénéficier de l’appui de La Havane est le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC) d’Amilcar Cabral. Sans oublier l’aide accordée au Congrès national africain (ANC), alors en lutte contre le régime raciste sud-africain.
Mais le moment fondamental de l’action de Fidel Castro en Afrique est le soutien à Agostinho Neto, le leader du MPLA, en 1975. Le déploiement massif des forces cubaines en Angola permet à Neto de s’imposer face au Front national de libération de l’Angola (FNLA), aidé par le Zaïre, et à l’Union pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), appuyée par l’Afrique du Sud. Cette intervention aura des répercussions jusque sur la politique sud-africaine dans la mesure où Pretoria, affaibli, n’a d’autre choix que de se soumettre à la nouvelle donne. Et ce n’est pas par hasard si Nelson Mandela, peu après sa sortie de prison, s’est rendu à La Havane pour remercier Castro.
Au nom de ses « devoirs internationalistes », le Líder máximo a également été très actif dans la Corne de l’Afrique, apportant indifféremment son soutien à la Somalie de Siyad Barré ou à l’Éthiopie de Mengistu Hailé Mariam. Mais au final, l’aventure cubaine sur le continent a été essentiellement militaire. Elle a d’ailleurs coûté la vie à plus de 50 000 hommes.

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