Rwanda-Ouganda : accusé par Kigali de fournir un soutien à des membres du RNC, Kampala dément
Moins d’une semaine après la polémique autour de la fermeture du poste-frontière de Gatuna (nord du Rwanda), nécessaire selon Kigali pour mener à bien des travaux de construction dans la zone, les deux ministères des Affaires étrangères ont continué, mardi 5 mars, de commenter les tensions entre les deux pays.
Le ton continue de monter entre les deux pays. À l’occasion de sa seconde conférence de presse depuis sa prise de fonction à l’automne dernier, le chef de la diplomatie rwandaise Richard Sezibera a résumé, mardi 5 mars, les accusations de Kigali à destination de l’Ouganda. « Le Rwanda est actuellement confronté à trois problèmes en Ouganda : le premier est que des Rwandais sont arrêtés, torturés, harcelés en Ouganda (…) [et] ceux qui ne sont pas arrêtés, harcelés, détenus sont déportés pour des raisons que nous ne comprenons pas », a-t-il estimé.
Les deux gouvernements s’accusent régulièrement d’espionnage et les autorités rwandaises ont déjà protesté à plusieurs reprises contre ces cas d’arrestations et expulsions de ressortissants accusés de travailler en Ouganda pour le compte de Kigali. Selon Olivier Nduhungirehe, le secrétaire d’État au ministère des Affaires étrangères du Rwanda, qui a réagi sur Twitter, il y aurait une quarantaine de Rwandais détenus par les services ougandais et plus de 800 autres « expulsés d’Ouganda ou qui se sont vus refuser l’entrée dans ce pays depuis janvier 2018 ».
Le RNC au cœur des tensions
L’autre sujet au cœur des tensions diplomatiques entre les deux voisins est la rumeur de collaboration entre Kampala et des groupes rebelles rwandais, dont le Rwanda National Congress (RNC) de l’ancien général rwandais Kayumba Nyamwasa, qui vit en exil en Afrique du Sud. Le RNC est notamment accusé par Kigali d’opérer dans la région avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Mi-décembre, deux cadres des FDLR avaient été arrêtés par les services congolais qui avaient par la suite assuré que les deux hommes rentraient de Kampala où ils avaient rencontré des officiels ougandais. « Ce sont des informations que nous avions déjà à l’époque », assure-t-on à Kigali. Les deux cadres des FDLR ont finalement été extradés un mois plus tard vers le Rwanda.
« Le RNC et les FDLR travaillent depuis l’Ouganda avec l’appui de certaines autorités locales. C’est une autre affaire sérieuse et nous l’avons soulevée avec eux », a martelé Richard Sezibera lors de sa conférence de presse, avant de préciser que le troisième défi entre les deux pays concernait l’intégration de la libre circulation des marchandises rwandaises sur le territoire ougandais.
« Nous devons rester vigilants »
Le ministère des Affaires étrangères ougandais a répliqué quelques heures plus tard, dans un communiqué. « Il est faux de dire que l’Ouganda abrite des éléments combattant le régime au Rwanda », s’est défendu le ministre des Affaires étrangères, Sam Kutesa, estimant que « l’Ouganda ne peut pas tolérer que quiconque utilise son territoire pour menacer un voisin ».
Le ministère des Affaires étrangères ougandais a également nié que les cas d’« arrestation et de torture » et assuré que les Rwandais étaient les bienvenus. « Toutefois, l’Ouganda s’attend à ce que tous les visiteurs dans le pays, y compris les Rwandais, restent respectueux de la loi parce que ceux qui agissent en violation de la loi sont traités conformément à la loi », a-t-il précisé. Fin janvier, l’Ouganda avait annoncé l’expulsion de plusieurs cadres de la société de télécommunication MTN. « Notre pays a été la cible d’attaques terroristes et nous devons rester vigilants », conclu le communiqué du ministère des Affaires étrangères ougandais.
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