Cameroun : le gouvernement « regrette » les propos de Tibor Nagy sur la situation socio-politique du pays
Arrestation de Maurice Kamto, crise anglophone, relations diplomatiques avec le Cameroun… Les déclarations publiques du secrétaire d’État adjoint des États-Unis pour les affaires africaines ont en partie été dénoncées par le porte-parole du gouvernement camerounais, qui a invité le diplomate au respect de la souveraineté du pays.
Le gouvernement camerounais n’a pas perdu de temps. Moins de 24 heures après la sortie médiatique de Tibor Nagy – le secrétaire d’État adjoint des États-Unis pour les affaires africaines, qui débute le 7 mars une tournée en Afrique centrale – sur les enjeux de sa visite au Cameroun prévue le 17 mars prochain, le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, s’est fendu d’un communiqué dénonçant ces propos notamment tenus sur les antennes de Radio France internationale (RFI).
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« Le gouvernement camerounais regrette vivement ces propos qui dénotent une méconnaissance des enjeux, des réalités et des faits », a notamment écrit le porte-parole du gouvernement dans ce communiqué de presse rendu public le 5 mars. Le ministre, qui y dénonce une « velléité d’immixtion à peine voilée et inadmissible, dans les affaires intérieures du Cameroun », a également invité au respect de la souveraineté du Cameroun.
Détention de Maurice Kamto
La détention de Maurice Kamto est le premier motif de la riposte des officiels camerounais. Au fil de ses déclarations, le « Monsieur Afrique » de Donald Trump, qui a également été adjoint de l’ambassadeur du Cameroun entre 1990 et 1993, avait affirmé que le principal challenger du président Paul Biya « est perçu comme ayant été incarcéré pour ses activités politiques. (…) Cela est inacceptable. Ses partisans et lui doivent être libérés et nous ne passerons pas par quatre chemins pour le dire », avait-il déclaré, évoquant les alliés du leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), interpellés dans le cadre des marches blanches du 26 janvier dernier.
« M. Kamto n’est nullement en détention pour avoir exercé des activités politiques. (…) Lui et ses partisans sont détenus pour des faits de droit commun », a répliqué René Emmanuel Sadi, citant la liste des chefs d’accusation retenus contre le leader du MRC et ses partisans, évoquant, pour la première fois « la destruction de biens à l’intérieur du pays ». Un chef d’accusation qui ne figure pourtant pas sur ceux communiqués par le procureur, à l’issue de leur inculpation le 13 février dernier. Des charges qui selon le ministre, seront débattues devant les juridictions compétentes.
Résolution de la crise anglophone
Autre point de désaccord : le dossier de la crise anglophone, sur lequel René Emmanuel Sadi juge les propos de Tibor Nagy inexacts. « Le gouvernement a apporté des réponses appropriées à toutes les revendications initiales, qu’elles soient d’ordre politique, socio-économique et culturelle », a-t-il indiqué. Des affirmations qui vont à l’encontre de celles tenues par Tibor Nagy, qui avait invité « les autorités camerounaises à être plus sérieuses dans leur gestion de la crise anglophone ».
Tibor Nagy l’avait d’ailleurs réitéré dans une interview accordée à Jeune Afrique au cours de cette tournée médiatique, dans laquelle il insistait sur l’urgence de la situation, soulignant que la relation entre les deux partis est « maintenant entièrement obscurcie par la crise anglophone ». « Je reçois plus d’e-mails sur le Cameroun que sur n’importe quel autre problème en Afrique : entre 10 et 20 par jour, avec des photos et des vidéos horribles de gens décapités à la machette, de forces de sécurité se livrant à des actes terribles (…). Nous avons besoin d’une désescalade de la situation », confiait-il.
Si la situation demeure tendue entre Yaoundé et Washington, les deux partis souhaitent poursuivre leur coopération. Le secrétaire d’État adjoint des États-Unis pour les affaires africaines a ainsi relevé « des aspects très positifs » dans sa relation avec le Cameroun, alors qu’à Yaoundé, où la visite de Tibor Nagy s’annonce très attendue, on entend continuer à œuvrer pour le renforcement d’une « relation de qualité ».
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