Chute du président ghanéen Kwame Nkrumah

24 février 1966

Publié le 25 février 2008 Lecture : 2 minutes.

C’est au bruit des mitraillettes que les habitants d’Accra se réveillent ce 24 février 1966. Les tirs proviennent de Flagstaff House, la résidence officielle du chef de l’État. Vers 5 h 30, une voix inhabituelle, celle du major Akwasi Amankwaa Afrifa, informe les auditeurs de la radio nationale que le journal de 6 heures est annulé. Une demi-heure plus tard, le colonel Emmanuel Kwasi Kotoka annonce le renversement du président Kwame Nkrumah par l’armée et la police. Un Conseil de libération nationale, dirigé par le général major Joseph Arthur Ankrah, tient désormais les rênes du pays. La chute de l’Osagyefo (« le rédempteur », en twi) alors en visite en Chine, est célébrée par une foule en liesse. Dans le centre de la capitale, la statue en bronze de Nkrumah est déboulonnée. Symboliquement, un cortège funèbre porte le cercueil du chef de l’État renversé jusqu’au cimetière d’Awudone.
Kwame Nkrumah est né en 1909 à Nkrokul, dans le sud-ouest de la Gold Coast (ancien nom du Ghana). En 1930, au sortir du Collège d’Achimota, il commence une carrière d’enseignant. En 1935, il s’embarque pour les États-Unis et s’inscrit à l’université Lincoln, en Pennsylvanie. Étudiant brillant, Nkrumah découvre les idées du Jamaïquain Marcus Garvey, héraut du nationalisme nègre et du retour des diasporas noires en Afrique. C’est le point de départ de ses convictions panafricanistes. Bardé de diplômes, il débarque à Londres en 1945 et participe au 5e Congrès panafricain organisé à Manchester.

De retour dans la colonie britannique en 1947, il entre en politique. D’abord secrétaire général de la United Gold Coast Convention (UGCC), Nkrumah fonde ensuite le Convention People’s Party (CPP), qui devient la principale formation politique du pays. Nommé Premier ministre en 1952, il conduit la Gold Coast à l’indépendance le 6 mars 1957 et lui donne le nom de Ghana. Son pays est le premier territoire subsaharien à accéder à l’indépendance. Nkrumah incarne désormais la marche des peuples africains vers l’émancipation. Son leitmotiv : l’unité du continent, à partir des enseignements de William Edward Burghardt Du Bois et de Marcus Garvey. S’inspirant aussi de l’exemple des États-Unis, il prône la création des États-Unis d’Afrique, avec un gouvernement continental. Si beaucoup d’Africains se laissent séduire par ces idées, plusieurs dirigeants, eux, y voient une volonté du Ghanéen de les dominer. D’autant que Nkrumah n’hésite pas à soutenir les adversaires politiques de certains de ses pairs. Sans compter que les unions formées avec la Guinée de Sékou Touré ou le Mali de Modibo Keita restent de l’ordre du symbolique.
Sur le plan intérieur, l’Osagyefo a poussé le culte de la personnalité jusqu’à l’extrême. Le marasme économique, conséquence notamment de l’effondrement des cours du cacao, de l’étatisation et de la corruption, rend difficile le quotidien des Ghanéens. En neuf ans de pouvoir, Nkrumah échappe à sept tentatives d’assassinat. N’ayant plus confiance en l’armée, il en prend la direction et met à l’écart les officiers qui le gênent. En 1964, il instaure le monopartisme, avant de s’autoproclamer président à vie. Les frustrations sont telles que sa chute devient inévitable. Après le coup d’État, Kwame Nkrumah trouve refuge à Conakry, chez Sékou Touré. Il mourra des suites d’un cancer dans un hôpital de Bucarest, en Roumanie, en 1972.

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